Le gouvernement veut faire revenir les chercheurs partis à l'étranger

Le refrain est seriné depuis longtemps : la recherche française souffre de la fuite de ses cerveaux à l'étranger. La ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Valérie Pécresse, en a fait l'un de ces chevaux de bataille. La majeure partie des mesures destinées à revaloriser les métiers de l'enseignement et de la recherche qu'elle doit rendre publiques lundi prochain ont d'ailleurs pour objectif de freiner cette hémorragie.En attendant, le programme " Retour post-doctorants ", officialisé hier lors d'une table ronde, qui a réuni à l'Agence nationale de la recherche (ANR) une dizaine de directeurs de laboratoires et la ministre, doit permettre d'augmenter le nombre de jeunes chercheurs de mettre à profit leur formation " au bénéfice de la recherche française " et, surtout, de faire revenir les thésards qui ont effectué leur séjour post-doctoral à l'étranger. Le programme sera lancé en 2009 par l'ANR." POUDRE AUX YEUX "Concrètement, les jeunes chercheurs sélectionnés, une quinzaine dans un premier temps, bénéficieront d'une aide financière de l'ANR de 600.000 à 700.000 euros sur une durée de trois ans, non renouvelable. Ce financement leur permettra de constituer une équipe et de mener des projets de recherche, sachant que l'établissement d'accueil sera également mis à contribution. " C'est une invitation au retour des chercheurs prometteurs partis de France ", a jugé hier Valérie Pécresse dans une interview au Figaro. Pour les chercheurs, cette mesure est de " la poudre aux yeux, réagit Jean-Luc Mazet, secrétaire général du SNCS-FSU [Syndicat national des chercheurs scientifiques]. La plupart des post-doctorants veulent revenir mais ne le peuvent pas, faute de postes disponibles ".La notion même de " fuite " apparaît donc à nombre de chercheurs toute relative. " Il est en effet souvent demandé aux jeunes docteurs de partir pour effectuer leur stage post-doctoral ", rappelle Bertrand Monthubert, président du collectif Sauvons la recherche, estimant " dérisoire " le nombre de lauréats concernés et illusoire le fait d'estimer pouvoir détecter si jeune les " futurs prix Nobel ". Enfin, le phénomène n'est pas jugé si " massif " que cela. Selon un mémoire réalisé il y a un an par deux étudiants de l'École des mines, " seuls 4 % des Français diplômés de l'enseignement supérieur sont expatriés ". Ce qui serait le taux le plus bas d'Europe, et stable depuis 1990 qui plus est.Trop peu de docteurs dans les entreprisesFavoriser l'insertion professionnelle des jeunes docteurs dans les entreprises. C'est l'objectif que s'est fixé le Medef il y a un an en mettant autour de la table patrons et représentants du monde universitaire. Cette semaine, le Medef a lancé l'idée d'un label " école doctorale " (le lieu de formation doctorante, au sein d'une université, qui organise la thèse en lien avec un ou des laboratoires) afin de valoriser ce cursus et surtout inciter les entreprises à recruter des doctorants. Selon le Medef, pas plus de 15 % des docteurs scientifiques font une carrière en entreprise. De l'avis de nombre de chercheurs, les entreprises, plus séduites par les diplômés des grandes écoles, se montrent frileuses vis-à-vis des docteurs auxquels elles n'accordent en moyenne à ces bac + 8 que 3.000 euros de plus par an qu'à un jeune ingénieur.
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