L'euro sur une pente savonneuse

L'euro est suracheté, surexposé, surévalué. " Stephen Jen, le stratège changes de Morgan Stanley, n'y va pas par quatre chemins pour annoncer que la correction en baisse de la monnaie unique amorcée depuis la mi-juillet, après ses records absolus face au dollar à 1,6038 et au yen à 169,96, va se poursuivre. L'économiste, qui avait prévu en juillet la fin de l'envolée de l'euro, prédit une rechute jusqu'à 1,25 dollar d'ici à 2009, tandis que ses confrères de Citigroup, eux aussi convaincus que l'euro est vulnérable, pronostiquent une parité euro-yen de 120 à la fin de l'année. Ces deux monnaies, servies par l'aversion au risque, ont repris la vedette sur le marché des changes hier. Le billet vert est venu affleurer le point haut de quatorze mois qu'il avait touché vendredi dernier à 1,3250 pour1 euro, tandis que la monnaie de l'archipel se rapprochait du plafond de deux ans atteint également en fin de semaine dernière à 132,25.Ce n'est pas un hasard, les deux monnaies face auxquelles les stratèges estiment que l'euro est le plus ébranlable sont celles assorties des rendements les plus faibles du monde industrialisé. Le yen qui depuis février 2006 ne rapporte que 0,5 % et le dollar qui n'est plus assorti que d'une rémunération minuscule de 1,5 % depuis que la Fed a abaissé son taux directeur d'un demi-point le 8 octobre dans le cadre d'une action concertée historique avec les autres grandes banques centrales de la planète. Vecteurs des stratégies de portage qui consistent à jouer sur les écarts de taux, le yen et le dollar redeviennent attractifs dès que les acteurs du marché des changes se méfient des actifs risqués.Leur trajectoire ne sera néanmoins pas linéaire, surtout sur un marché marqué par une extrême volatilité. Dès hier après-midi le dollar a subi un petit revers, à l'annonce de la plus forte baisse (- 2,8 %) de la production industrielle américaine depuis 1974 et de flux de capitaux étrangers encore anémiques vers les Etats-Unis en août. Les achats nets d'actifs à long terme - actions, emprunts d'État et obligations d'entreprises - sont certes remontés à 14 milliards de dollars, contre 8,6 milliards le mois précédent, mais c'est encore loin de couvrir le déficit commercial de 59,1 milliards qu'ils sont censés éponger.
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