L'endettement des LBO fragilise les fonds

À l'image de l'économie française, les entreprises ayant fait l'objet d'un LBO (rachat par effet de levier) ces dernières années traversent une passe difficile. En plus de souffrir d'une conjoncture morose, elles sont bien souvent sous la pression de leur dette. Car nombre d'entre elles ont été rachetées avec un niveau d'endettement très important, dépassant parfois 80 % de leur valeur d'acquisition. Résultat?: elles rencontrent des difficultés à faire face à leurs remboursements et rompent leurs covenants, ces ratios d'endettement qui, s'ils ne sont pas respectés, permettent aux créanciers de renégocier les termes de la dette, voire d'exiger le remboursement intégral de celle-ci. Selon une étude de Standard & Poor's (S&P), sur un an glissant au 30 octobre 2008, 38 ruptures de covenants ont été enregistrées, contre 18 l'année précédente, sur 800 entreprises européennes. Dans presque un cas sur deux, les fonds d'investissement ont décidé d'injecter à nouveau des fonds propres pour sauver leur mise.prochaine vérificationEn France, les fonds LBO qui ont investi dans les secteurs du BTP et de l'immobilier se rongent les ongles. Terreal (fabrication de tuiles), entré dans le giron de LBO France en 2005, a cassé ses covenants en septembre dernier. Une solution n'a toujours pas été trouvée avec les créanciers. À suivre, donc. PAI, avec Groupe Monier (toiture) et Kaufman & Broad (promotion immobilière) ainsi que CDC Capital Investissement, avec Maisons Pierre, souffrent également de l'essoufflement du secteur. « Tous les LBO dans le secteur de la construction ou de la fourniture de matériaux sont touchés par la crise », tranche Pierre Chabrelie, patron de l'activité leveraged finance chez ING. « La situation est à peine plus favorable dans la distribution et l'automobile », poursuit-il. Tous les secteurs ou presque sont touchés?: d'Autodistribution (pièces détachées automobiles) à Desjonquères (flaconnage de parfumerie) en passant par Moteurs Baudouin (moteurs marins), c'est une quinzaine de LBO qui sont officiellement dans une situation délicate en France. « Sur l'ensemble de nos lignes en portefeuille, 15 % sont en difficultés. En août, il n'y en avait aucune », témoigne le gérant d'un fonds de la place parisienne. situation délicateTémoin de la dégradation de la situation, la société de conseil financier aux investisseurs Accuracy note que le métier « transactions », qui représentait 55 % du chiffre d'affaires au quatrième trimestre 2007, ne compte plus que pour 20 % cette année, tandis que la part de l'activité « Redressement d'entreprises » est passée de 10 à 30 % sur la même période. Une vague de nouvelles ruptures des ratios d'endettement est attendue. La plupart évoquent l'échéance de janvier 2009. Car l'usage veut que les covenants soient contrôlés trimestriellement par les créanciers. Or la prochaine vérification interviendra pour une majeure partie des cas le 31 décembre. Le nouvel an risque d'être amer pour certains gestionnaires.Cette détérioration de la situation financière des participations des fonds, les agences de notation l'ont intégrée?: depuis juin 2008, le nombre d'entreprises classées en catégorie extrêmement spéculative (junk bonds) a plus que doublé chez S&P. « Le danger, en cas de dégradation de la note de crédit des entreprises, est que celles-ci obtiennent plus difficilement des facilités auprès de leurs fournisseurs », analyse Pascal Stefani, managing director chez Advent International. L'étau se resserre.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.