Facebook pourrait être propriétaire à vie des internautes

Malgré lui, Facebook a mis le feu aux poudres. Le réseau social, sur lequel l'internaute crée sa fiche personnelle et partage avec son réseau d'amis des informations personnelles, a modifié il y a quinze jours les conditions d'utilisation du site. Un amendement d'ordre juridique présenté comme une amélioration des conditions d'utilisation du site. Le blog américain The Consumerist, lui, a vu rouge, en remarquant qu'une phrase avait disparu des nouvelles dispositions. « Si vous choisissez de retirer votre contenu, la licence [accordée sur ces derniers par l'internaute à Facebook] expire automatiquement. »Facebook a également rappelé une réalité du fonctionnement du site, réveillant les inquiétudes. Les internautes « cèdent à Facebook une licence irrévocable, perpétuelle et mondiale permettant d'utiliser, copier, publier, conserver, transférer, reformater, éditer, traduire, extraire, créer des ?uvres dérivées des contenus créés ». Jusqu'au 4 février, cette cession absolue prenait au moins fin quand l'internaute partait. Aujourd'hui, c'est à vie.« En droit d'auteur, les cessions de droits doivent en principe être limitées et contenir des contreparties, indique Céline Mutz, avocate chez Gide Loyrette Nouel. En droit de la consommation, les clauses présentant des déséquilibres significatifs au détriment des consommateurs sont interdites. » Pourtant, loin de Facebook l'idée de spolier l'internaute. Pour éteindre le feu, le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, a pris la plume (ou plutôt le clavier) pour assurer sur son blog des bonnes intentions du site. « Les internautes sont propriétaires de leurs informations et ils contrôlent avec qui ils les partagent. En réalité, nous ne partagerions pas une information que vous ne voudriez pas. » « Souvent, ces clauses ne sont pas utilisées », dédramatise Céline Mutz. Mais pour Gwendal Legrand, chef du service expertise de la Commission informatique et libertés (Cnil), « la plate-forme ne doit pas s'octroyer plus de droits que nécessaire ».Informations conservéesMarc Zuckerberg rappelle surtout dans son blog le point noir de Facebook. « Quand une personne partage une information avec un ami, deux copies de l'information sont créées. Même si une personne désactive son compte, l'ami conserve une copie du message. » Autrement dit, outre le fait que la désactivation d'un compte relève du parcours du combattant, effacer un message que l'on regrette, retirer une photo gênante, ou tout simplement privée, est quasi impossible, sans compter qu'elle reste longtemps sur les serveurs de la société.Une fois en ligne, une information est hors de contrôle. De ce problème fondamental, Facebook se lave les mains. Le site met à la disposition du public une série d'outils permettant à l'internaute de gérer ses paramètres de confidentialité (de déterminer qui a le droit d'avoir accès à quoi) ; en contrepartie, il ne peut être tenu responsable des utilisations faites par les internautes. « C'est le côté pervers, Facebook vous donne des outils. Mais ils sont très complexes à utiliser », indique Gwendal Legrand. À ce sujet, le G29, qui rassemble les Cnil européennes, prépare pour avril une série de recommandations sur les réseaux sociaux.Mais aucune recommandation ne remplacera une meilleure éducation des internautes. Les Cnil devraient aussi préconiser que les réseaux permettent aux internautes de mieux contrôler les informations à disposition, de se retirer facilement du site. Il s'agirait également de veiller à ce que les informations des réseaux sociaux ne puissent être aussi facilement accessibles via Google. Mais Facebook est d'abord une entreprise commerciale où l'on achète un service convivial en échange des données personnelles que l'on cède. nLes internautes « cèdent à Facebook une licence irrévocable et mondiale ».
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