L'Élysée abat ses cartes au sommet social

C'est le grand jour. Cet après-midi, le président de la République réunira, aux côtés de François Fillon et de six membres du gouvernement (Brice Hortefeux, Christine Lagarde, Laurent Wauquiez, Éric Woerth, Luc Chatel et Martin Hirsch), les partenaires sociaux. Chacune des cinq centrales syndicales et des trois organisations patronales sera représentée par son leader, accompagné d'un ou de deux responsables. Et toutes aborderont la rencontre avec, en tête, les pistes lancées le 5 février par le chef de l'État, qui doivent s'inscrire, a priori, dans une enveloppe de 1,4 milliard d'euros tirée des bénéfices réalisés sur les aides consenties aux banques.En guise d'introduction au sommet, qui débutera à 15 heures, Nicolas Sarkozy a prévu d'intervenir pendant environ une demi-heure sur deux thèmes?: l'emploi et la justice sociale. Ce sera ensuite au tour des huit organisations de s'exprimer lors d'un tour de table au cours duquel toutes devraient rappeler leurs propositions, avant de réagir aux mesures d'application immédiates ou envisagées pour l'avenir proposées par Nicolas Sarkozy. Certaines d'entre elles sont d'ores et déjà acquises sur le principe. Le chef de l'État compte notamment demander aux partenaires sociaux d'aller au-delà de l'accord négocié en décembre sur le chômage partiel qui prévoit désormais un taux d'indemnisation à 60 % du salaire horaire brut, avec un montant minimum de 4,42 euros par heure chômée, jusqu'à six semaines. Si les syndicats y sont favorables, le Medef y est, lui, hostile. De son côté, la CGPME ne ferme pas la porte à des améliorations ? notamment porter de 800 à 1.000 le nombre d'heures par an autorisé au titre du chômage partiel, comme dans l'automobile, ou élever l'indemnisation à 70 %, voire 80 % du salaire brut? ? à condition que l'État soit mis à contribution. L'idée d'une prime de 300 euros destinée aux demandeurs d'emploi âgés de moins de 25 ans devrait également être confirmée.des mesures d'ordre fiscalLe gouvernement devrait également retenir la proposition de la CFDT consistant à créer un fonds d'investissement social (voir « La Tribune » du 16 février). S'il devrait retoquer l'une des sources de financement suggérées par François Chérèque, à savoir la suspension du bouclier fiscal et d'une partie de la défiscalisation des heures supplémentaires, l'État serait en revanche prêt à mettre au pot et demanderait aux régions de l'imiter. Des mesures d'ordre fiscal devraient également être annoncées pour aider le « bas des classes moyennes ». Le gouvernement devrait, conformément aux souhaits d'Éric Woerth, ministre du Budget, préférer la suspension du deuxième tiers provisionnel à la suppression temporaire de la première tranche de l'impôt sur le revenu. Et confirmer la mise en place d'un chèque emploi service universel (Cesu) préfinancé par l'État à destination des mères isolées et des personnes âgées vivant seules. Enfin, le gouvernement devrait annoncer un coup de pouce ponctuel aux prestations familiales sous conditions de ressources.Quant à la question du partage des profits réalisés par les entreprises que le chef de l'État souhaite répartir en trois tiers (actionnaires, salariés et investissement), elle serait finalement abordée dans le cadre d'une table ronde à venir.Et même si, dans un entretien au « Monde » du 18 février, Henri Guaino, conseiller spécial du président de la République, juge qu'une relance par la consommation serait prématurée, certains participants au sommet pensent que le chef de l'État « lâchera » quelque chose sur les salaires. Et qu'il l'annoncera directement aux Français, comme les autres mesures, lors de son intervention télévisée de ce soir. Si peu tablent sur un coup de pouce du Smic, qui serait contraire à la philosophie du président, les syndicats espèrent obtenir du grain à moudre pour les salariés. Reste à savoir s'ils seront entendus. n
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