Bruxelles s'inquiète des dérapages budgétaires

Pour le Pacte de stabilité, on a besoin d'une approche judicieuse, autrement dit d'une approche intelligente. » La mission de Joaquin Almunia, le commissaire européen en charge des Affaires économiques, tient de l'équilibrisme. En tant que gardien du temple, il doit veiller au respect du Pacte de stabilité. Mais s'il se montre trop strict, il risque un retour de flammes de la part des gouvernements nationaux disposant déjà d'une marge limitée face à la crise, et qui ne résisteraient pas longtemps à la tentation d'accabler Bruxelles. A contrario, si par exemple les Espagnols se montrent trop souples et ferment les yeux sur leur déficit, cela affaiblirait à coup sûr le Pacte, pilier de l'union monétaire. « Personne ne pense à des sanctions en période de récession », a assuré Joaquin Almunia. La Commission a donc a opté pour une approche intermédiaire, consistant à pointer du doigt les pays dont les finances publiques dérapent, sans les menacer de représailles financières qui s'avéreraient contre-productives.Le gouvernement français prévoit que son déficit grimpe à 3,2 % du PIB en 2008, puis à 4,4 % en 2009, Bruxelles tablant pour la France sur un dérapage plus important (5,4 %).Comme le stipule la révision du Pacte de stabilité en 2005, la Commission doit tenir compte des circonstances exceptionnelles. Toutefois, dans le cas français, « même s'il est probable que le déficit de 2008 soit resté proche de la valeur de référence de 3 % du PIB, ce déficit ne résulte pas de circonstances exceptionnelles au sens du traité et du pacte et il n'est pas temporaire puisqu'il devrait rester supérieur à 3 % deux années suivantes », a expliqué Joaquin Almunia. En clair, la crise a bon dos mais la France n'a pas fait, ces dernières années, les efforts suffisants pour lutter contre ses déficits. Tout en promettant de faire preuve de souplesse, Bruxelles se garde la possibilité de passer aux étapes suivantes de procédure de déficit excessif. Les experts du comité économique et financier doivent se réunir le 25 mars pour envisager la suite à donner, puis ce sera aux ministres des Finances de valider ou non le lancement des procédures recommandées aujourd'hui. La Commission ne fixe pas encore de date limite pour le retour dans les clous, mais invite la France à commencer sa consolidation budgétaire dès l'année 2010, qui devrait « marquer le début de la sortie de crise ».DélaiLe commissaire Jacques Barrot approuve l'approche de son collègue?: « il est sain qu'on ne mette pas entre parenthèses toutes ces procédures de surveillance, en disant : faites attention?! explique le Français. Joaquin Almunia donne un certain délai au cours duquel il admet qu'il y a des dépassements acceptables, mais après lequel il faudra commencer à corriger le tir. » Yann- Antony Noghè
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