« Nous avons lancé notre emprunt dans d'excellentes conditions »

Propos recueillis par benjamin jullienLe Crédit Foncier avait prévu de lever 9,5 milliards d'euros en 2009 : où en êtes-vous ?Nous avons déjà emprunté 7,8 milliards d'euros dont 5 milliards par émission d'obligations foncières. Nous sommes donc confiants sur la réalisation de notre programme. Et ce, à des conditions de prix compatibles avec les conditions tarifaires de nos crédits, même après la hausse des spreads constatée après la faillite de Lehman. Ceci est important pour notre modèle économique puisque nous ne prêtons que ce que nous empruntons. On peut noter au passage la robustesse du marché des obligations foncières puisque, malgré la dislocation totale des marchés depuis mi-septembre, nous avons pu continuer à émettre des volumes très significatifs. Bien sûr, une des explications de cette situation tient au cadre légal régissant les obligations foncières, très protecteur pour les investisseurs.Comment s'est passée votre dernière opération, la semaine dernière ?Très bien. Nous avons lancé le 12 mai le premier emprunt public de référence à 12 ans depuis mi-2007. Nous voulions émettre 1 milliard d'euros avec un spread indicatif de 125 points de base. En une demi-heure, la demande excédait très largement l'offre et nous avons émis à un prix de 123 points de base [pb] pour un montant de 1,25 milliard. Le taux d'intérêt ressort ainsi à 4,91 %. Devant ce succès, nous avons abondé cette émission dès le lendemain pour 250 millions d'euros à un spread encore plus bas. Deux tiers des titres ont été placés hors marché domestique, et plus de 80 % des titres ont été souscrits par des investisseurs institutionnels dans une optique long terme.Les marchés sont-ils en voie de normalisation ?Le marché interbancaire est convalescent. Après quatre mois de fermeture complète, il a rouvert en novembre, mais avec un écart supérieur à 100 pb. Cependant l'écart entre les taux au jour le jour et à trois mois est encore de 70 pb, contre moins de 20 pb avant la crise. Le marché n'est toujours pas efficient, mais au moins il existe ! Quant au marché obligataire, il n'est sorti du coma qu'en février. En fait, le vrai point d'inflexion est intervenu fin avril, avec l'amélioration du sentiment macroéconomique, même si la demande restait limitée. Puis, le 7 mai, la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé son intention d'acquérir 60 milliards d'euros d'obligations sécurisées. Ces 60 milliards d'euros sont à rapprocher des montants émis annuellement, soit environ 200 milliards d'euros avant crise. Cette annonce pousse les investisseurs à revenir sur le marché en anticipant sur une prochaine hausse des prix [qui évoluent en sens inverse du taux, Ndlr]. Les spreads des obligations foncières ont d'ailleurs immédiatement reculé de plus de 10 points de base suite à la forte demande. Ce qui nous a permis de lancer notre emprunt de référence dans d'excellentes conditions.Envisagez-vous de placer des obligations auprès du grand public ?Historiquement, le Crédit Foncier a été un des grands émetteurs auprès du public. Avec des taux d'intérêt réels, inflation déduite, proches de 5 %, les obligations peuvent offrir une alternative intéressante aux contrats d'assurance-vie. En tant qu'émetteur récurrent, nous nous devons d'étudier une telle option.Avec la flambée des déficits publics, ne craignez-vous pas que l'afflux d'obligations d'État fasse remonter les taux ?Des deux côtés de l'Atlantique, les États vont devoir émettre plus de 500 milliards d'euros d'emprunts supplémentaires. Mais, en parallèle, la baisse de la croissance mondiale va réduire les besoins de capitaux dans les pays en développement, dont les exportations se contractent. Et les ménages américains, qui ont commencé à se désendetter, emprunteront moins. Tout cela va libérer des capitaux. C'est par ces mouvements interzones que se fera l'équilibre macroéconomique des marchés de capitaux, au moins en partie. Nous restons optimistes sur l'évolution des prix, d'autant que les émissions à venir des États sont déjà largement prises en compte dans les taux. Et surtout, les acheteurs, qui ont été confrontés à une pénurie d'offre de papier, ont du retard à rattraper. n« le vrai point d'inflexion est intervenu fin avril avec l'amélioration du sentiment macroéconomique. »
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.