Sous pression, le crédit à la consommation doit se réinventer

Pour le deuxième trimestre consécutif, la production de crédit à la consommation en France, comparée aux trois premiers mois de 2008, s'inscrit en recul. La chute est sévère : ? 12,8 % selon les données de l'ASF (Association des sociétés financières) publiées hier. Les perspectives 2009 sont peu encourageantes car le recul de la production se conjugue avec une hausse du coût du risque. Et ce ne sont pas les seules difficultés qui pèsent sur les sociétés de financement spécialisées. Car celles-ci, qui se sont positionnées sur le créneau très rentable du crédit permanent (ou credit revolving dont elles détiennent 95 % du marché), se trouvent aujourd'hui confrontées à de fortes pressions sur leur rentabilité. D'une part, pour capter de plus en plus de clients, elles sont venues sur le terrain du crédit amortissable, celui-ci constituant un produit d'appel pour placer ensuite du revolving. nouveaux entrants D'autre part, l'environnement ne leur est pas favorable, comme l'explique Georges Zeline, associé chez Eurogroup, en charge des services financiers spécialisés : « La réforme du crédit, d'une part [le projet de loi en cours sera bientôt discuté au Parlement, Ndlr], et les avancées technologiques (téléphone mobile, par exemple), d'autre part, constituent des pressions fortes pour les sociétés de crédit à la consommation qui vont au-devant d'importantes restrictions réglementaires et l'apparition d'une nouvelle forme de concurrence ». Car, d'un côté, le projet de loi vise à limiter le recours au crédit permanent et, de l'autre, de nouveaux entrants, notamment sur Internet, viennent damer le pion aux sociétés spécialisées.Dans ce contexte, explique Georges Zeline, plusieurs scénarios constituent des bases de réflexion. Dans une version que l'on pourrait qualifier de minimaliste, « il faudra peut-être que les actionnaires intègrent l'idée que le métier du crédit à la consommation est amené à être durablement moins profitable qu'il ne fut, et donc qu'ils exigent une rémunération moins élevée des fonds propres immobilisés », explique le consultant. Mais des scénarios plus élaborés peuvent aussi jouer sur les modèles existants, par exemple lorsque la société fait partie d'un groupe bancaire. Ainsi l'idée de « réintégrer l'activité au modèle de la banque de détail » peut être envisagée, « en réunissant, au sein d'un même pôle, celui des finances personnelles, les sociétés de crédit à la consommation et celles dédiées à l'immobilier. C'est ce que semble engager BNP Paribas avec le rapprochement de Cetelem et UCB et la recherche de complémentarité avec le réseau d'agences », souligne Georges Zeline. Enfin, les sociétés peuvent aussi choisir de sortir du strict cadre du crédit, « en s'appuyant par exemple sur les savoir-faire développés par ces sociétés en marge de la commercialisation et de la gestion du crédit? gestion de relation client, marketing, gestion de partenariats, optimisation de fichier client, construction de modèles prédictifs de comportement? ». Un tournant engagé par des sociétés comme Laser ou Cetelem.
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