Le Nigeria vole au secours de ses banques

Afribank, Finbank, Oceanic Bank, Intercontinental Bank et Union Bank : ces 5 banques figurent toujours à la cote de la Bourse de Lagos au Nigeria, mais leur cours vient d'être suspendu pour deux semaines. La raison?? Protéger les investisseurs, alors que la banque centrale, qui mène actuellement un audit au sein du secteur bancaire, vient de destituer les dirigeants de ces cinq établissements pour cause de mauvaise gestion. Selon l'enquête, ces banques, dont les actifs pèsent l'équivalent de 12,6 milliards d'euros, auraient accumulé 5,2 milliards d'euros de créances douteuses. Au bas mot?: le bureau de recherche Eurasia Group les évalue à plus de 7 milliards. « Entre 2004 et 2008, le Nigeria a vu son économie tirée par l'afflux de capitaux lié aux recettes pétrolières, rappelle Jean-Loïc Guieze, économiste chez BNP Paribas. Les banques ont prêté tous azimuts, y compris à des courtiers qu'elles chargeaient d'acheter leurs propres titres en Bourse. » Sans même parler de toute la spéculation qui a entouré les activités liées au commerce du pétrole. panique évitéeRésultat, tant que les cours du brut et de la Bourse grimpaient, tout allait bien, jusqu'à ce que l'affaire Lehman éclate et que le vent tourne. « Les États-Unis ont eu les subprimes, au Nigeria ce sont les ??margins loans'', des prêts gagés sur des portefeuilles de titres, résume l'économiste, avant d'ajouter que « 20 % des actifs des banques sont constitués de ce type de crédits, autrement dit de ?pertes pures? ». Face à l'ampleur du sinistre, le nouveau président de la banque centrale ? en poste depuis le 4 juin ? a opté pour des mesures d'urgence?: limogeages, injection massive de 1,8 milliard d'euros dans le système. Une mesure qui a eu le mérite d'éviter la panique chez les épargnants. « Pour l'heure, le risque systémique reste négligeable tant à l'étranger, où les banques nigérianes sont peu impliquées, qu'au sein même du pays, qui n'a pas de problème de solvabilité, note un banquier. Même si, convient-il, il n'est pas exclu que ces pratiques douteuses existent dans d'autres banques. » C'est en tout cas ce que pourrait révéler la fin de l'audit, mi-septembre. Sur les 24 banques locales, 14 doivent encore être passées au crible. Le résultat pourrait précipiter la consolidation du secteur bancaire du pays, en suscitant l'arrivée d'investisseurs étrangers.Marjorie Bertouille
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