Vinexpo joue l'innovation pour conjurer la crise

Vinexpo 2009 ouvre ses portes demain à Bordeaux alors que la viticulture mondiale accuse l'impact de la crise économique. Les géants américains Constellation et Gallo ont déclaré forfait. L'état des stocks est un secret bien gardé, mais gageons qu'ils sont conséquents. Pour les grands châteaux du Bordelais, les acheteurs ont déserté l'an dernier juste après la faillite de Lehman Brothers. Des étiquettes prestigieuses, qui avaient atteint des sommets lors des ventes primeurs précédentes, sont revenues en catimini sur le marché à des prix divisés par deux ou trois. Quelques fonds spéculatifs avaient acheté de grands châteaux comme d'autres s'étaient entichés des subprimes dans l'immobilier. Ils ont bu la tasse.Cap sur la chine Pour autant, tout n'est pas noir. Le millésime 2008 des grands châteaux se serait bien écoulé pendant les ventes de primeurs du printemps, même si certains ont fait pour cela des concessions (treize à la douzaine, comme pour les huîtres). Et la profession se rassure avec les chiffres de la consommation mondiale. « Tous les ans, on boit toujours un peu plus de vin sur la planète », souligne Robert Beynat, directeur général de Vinexpo. Selon FranceAgriMer, les ventes mondiales de vin ont ainsi augmenté de 1 % en 2008, à 243,5 millions d'hectolitres. Loin des 275 à 300 millions d'hectolitres du début des années 1980, mais bien mieux que les 215 millions de 1993-1994. La désaffection dans les pays producteurs est peu à peu compensée par l'émergence de consommateurs ailleurs sur la planète. Si bien que « la consommation va continuer à croître dans les cinq ans qui viennent », assure Robert Beynat. De plus en plus, les yeux se tournent vers la Chine, où le marché est stimulé par la demande de la classe moyenne, friande de vins de qualité. Cette redistribution mondiale est visible à Vinexpo où de nouveau pays sont là, comme l'Égypte et le Brésil.Face à cette mutation, le succès de la filière française dépendra de sa capacité à coller à ces marchés d'exportation, à travailler à la régularité de leur production, à s'adapter aux goûts locaux. Castel, par exemple, vinifie un vin rouge dédié au marché russe. Produit en France mais adapté au goût des consommateurs russes, puis expédié en conteneur et embouteillé sur place.Loin de ces extrêmes, il reste certainement un avenir pour les vins aux goûts typiquement français. Mais là, « la bataille mondiale se joue sur les marges de la distribution », estime Hubert de Boüard, propriétaire de Château Angelus et d'une maison de négoce. L'homme est iconoclaste mais ses propos traduisent bien la situation : « on sait faire de la qualité partout, mais cela ne suffit pas. Il faut savoir se vendre, et se vendre dans la durée ». Et de déplorer la situation bordelaise, avec ses exceptionnelles réussites individuelles, mais sa faiblesse dans l'effort collectif.À force de travail et d'innovation, les vins du Rhône, eux, ont su transformer leur image en la tirant vers le haut. Et les experts notent l'agressivité marketing des producteurs italiens et espagnols. Avec, là aussi, des efforts collectifs qui portent leurs fruits : en volume d'exportations, l'Italie et l'Espagne sont passées devant la France. Grâce à ses grands crus, l'Hexagone conserve le leadership en valeur (33,9 % d'un marché 2007 export de près de 20 milliards d'euros). Mais la menace est là, et les lauriers peuvent se faner très vite?
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