L'Espagne croise le fer avec EADS pour sauver le soldat Suarez

Troisième actionnaire du groupe aéronautique EADS avec 5,5 % de participation à travers SEPI, l'Espagne ne veut pas être la cinquième roue du carrosse. Mercredi dernier, le ministre de l'Industrie espagnol, Miguel Sebastián, qui avait déjà tancé le directeur exécutif, Louis Gallois, lors de son dernier passage en Espagne, a empêché au dernier moment la destitution de son compatriote Carlos Suarez à la tête d'Airbus Military proposée par EADS, de peur de perdre un pilier important au sein du groupe. Pour autant, chez EADS, son départ est toujours acté, selon nos informations. Si, en interne, on regrette « la très mauvaise gestion de cette affaire », on estime que le responsable espagnol « ne peut plus rester dans le groupe après ce qui s'est pass頻. Et ce, en dépit de l'opposition du représentant espagnol lors d'une réunion du comité des nominations. « C'est une prérogative exclusive du gouvernement », a même assuré un porte-parole du ministère de l'Industrie.reprise en main de l'A400Cet incident est le dernier épisode en date de la crise qui oppose le gouvernement espagnol à EADS depuis que le groupe a décidé, en décembre, d'intégrer à Airbus sa division de transport militaire (MTAD, aujourd'hui Airbus Military) contrôlée par l'Espagne. Cette division a été jusqu'ici incapable de gérer le programme de l'avion de transport militaire A400M, dont le premier appareil sera livré avec trois ans de retard. « Nous avons donné plusieurs chances aux Espagnols de gérer ce programme mais, à un moment donné et vu le résultat, il fallait reprendre le dossier en main », explique-t-on chez EADS. Malgré les garanties apportées par le groupe européen, le gouvernement redoute que l'intégration à Airbus n'entraîne la fin de l'autonomie de la filiale militaire et ne dilue ainsi l'influence espagnole au sein d'EADS. À plusieurs reprises depuis décembre, le gouvernement a ainsi fait part aux dirigeants d'EADS de son malaise face à cette éventualité, selon la presse espagnole.Par ailleurs, le départ probable de Suarez cette semaine serait une conséquence du désaccord de ce dernier par rapport à la tournure défavorable que prend l'intégration de MTAD vis-à-vis de l'Espagne. En réponse à ces craintes, dans une interview au quotidien « El País » datée d'hier, le président d'EADS, Louis Gallois, rappelle que « l'autonomie n'est pas un concept applicable aux entreprises », mais affirme que la nouvelle division de transport militaire d'Airbus bénéficiera de comptes propres au sein du groupe et qu'elle sera toujours dirigée par un Espagnol.
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