Polémique sur le coût du licenciement

Licencier un travailleur coûte-t-il trop cher ? Récurrent en Espagne, le débat provoque une controverse publique entre le président du gouvernement socialiste, José Luis Rodríguez Zapatero, et l'homme qu'il avait nommé, en 2006, gouverneur de la Banque d'Espagne, Miguel Angel Fernández Ordoñez, pourtant lui aussi issu du socialisme puisqu'il fut secrétaire d'État à l'Économie avec Felipe González dans les années 1980. Au centre de la polémique : le complexe système espagnol d'indemnisation en cas de licenciement qui prévoit jusqu'à 45 jours de compensation par année travaillée. La confédération patronale madrilène veut réduire cette durée annuelle à 20 jours : selon elle, c'est le coût du licenciement qui explique que l'Espagne voit aujourd'hui augmenter le nombre de ses chômeurs beaucoup plus vite que ses voisins. Au contraire, rétorquent les syndicats, la crise actuelle est d'origine financière et n'a rien à voir avec les caractéristiques du marché du travail. Même écho de la part du ministre du Travail, Celestino Corbacho, qui remarque que les chefs d'entreprise peuvent difficilement se plaindre de ne pas pouvoir licencier facilement, alors que le nombre de chômeurs a augmenté de 1,28 million en 2008 ! Mais le patronat n'est pas isolé : il a reçu un soutien de poids avec l'intervention du gouverneur de la Banque d'Espagne, qui assure que l'actuel système de licenciements « ne favorise nullement la création d'emplois et la croissance des entreprises les plus productives ». Au contraire, relève Miguel Angel Fernández Ordoñez, il « décourage la mobilité des travailleurs entre entreprises ». Ces propos ont fait bondir le chef du gouvernement Zapatero, qui a critiqué les « thèses néoconservatrices » selon lesquelles la solution à la crise actuelle passe par « amincir la protection sociale ». Et d'ajouter : « Le marché du travail américain a beau être le plus flexible qui soit, il n'en détruit pas moins des emplois à un rythme sans équivalent depuis trente ans. »problème de fondDerrière la polémique se profile un problème de fond : celui du fonctionnement du marché du travail espagnol. Car si des assouplissements ont été apportés au cours des récentes années, les anciennes pratiques n'ont pas disparu. Résultat, la société espagnole fonctionne à deux vitesses, avec des contrats de travail anciens bénéficiant de toutes les garanties et les plus récents, à durée déterminée pour la plupart (les contrats temporaires dépassent 30 % du total, un record européen !) et sans protection sociale. Mais, dans un pays traumatisé par le retour du chômage de masse (3,3 millions de personnes fin janvier), le sujet est très sensible.
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