Les Européens serrent les rangs

Adeptes du multilatéralisme et solidaires : telle est en substance le visage que les Vingt-Sept ont voulu afficher deux semaines avant leur premier rendez-vous avec l'administration Obama à Londres, le 2 avril, lors du sommet du G20. Hier à Bruxelles, leurs chefs d'État et de gouvernement se sont entendus sur deux décisions phares. D'une part, l'Europe proposera de doubler les ressources du Fonds monétaire international. Cette proposition est assortie, côté européen, d'un « engagement conjoint » des Vingt-Sept, selon les mots de la chancelière allemande Angela Merkel, d'apporter 75 milliards de dollars au Fonds. D'autre part, le fonds d'urgence de 25 milliards d'euros de l'Union européenne en faveur des pays membres rencontrant des difficultés de balance des paiements sera doublé. Il avait déjà été porté de 12 à 25 milliards en décembre. Jusqu'à présent, il a été utilisé par la Lettonie et la Hongrie, à hauteur de 10 milliards, conjointement avec des prêts du FMI. Mais la Roumanie négocie actuellement une facilité avec Bruxelles et Washington.Engagement expliciteLes diplomates redoutaient que cette démonstration de solidarité « préventive » n'alimente des anticipations pessimistes sur les économies est-européennes, sachant que l'UE n'a pas de besoin immédiat de moyens supplémentaires : le premier projet de conclusion disponible hier matin ne mentionnait aucun chiffre à ce sujet. Mais les chefs d'État ont tranché en faveur d'un engagement explicite.Ils ont également mis un terme à plusieurs mois de laborieuse négociation sur 5 milliards d'euros d'argent communautaire que le plan de relance européen de décembre 2008 prévoyait d'attribuer à des projets d'infrastructure. Quatre cinquièmes des fonds iront à des installations énergétiques, la moitié à des interconnections gazières et électriques dont la crise russo-ukrainienne de cet hiver avait démontré l'insuffisance. L'Allemagne, en particulier, a consenti à abonder le projet de gazoduc Nabucco destiné à acheminer du gaz non russe à condition qu'il entre dans les deux ans à venir dans une « phase d'investissement ». Or le projet reste à ce stade bloqué par l'absence d'accord avec la Turquie sur les conditions de transit. En revanche, les pays européens n'ont pas avancé sur le dossier climatique. Hier, ils ont refusé de chiffrer l'aide financière promise aux pays en développement afin de les aider à lutter contre le réchauffement climatique.
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