Les taux d'intérêt élevés menacent la paix sociale en Islande

conjonctureVilhjalmur Egilsson et Gylfi Arnbjörnsson ont été déçus : après une série de baisses de taux entamée en janvier dernier, la banque centrale islandaise a opté pour le statu quo début juillet. Son principal taux directeur, le repo, reste donc inchangé, accroché à la barre des 12 %. Sans doute la banque centrale n'a-t-elle fait que répondre aux injonctions du Fonds monétaire international (FMI), devenu le pompier de la petite économie nordique, en lui accordant une aide de 5,1 milliards de dollars. Or pour l'institution de Washington, la priorité passe d'abord par le sauvetage de l'industrie financière ? la consolidation se poursuit avec l'annonce hier de la recapitalisation des banques (lire encadré) ? et par le soutien de la monnaie, en évitant une baisse des taux. Or la couronne islandaise a perdu près de la moitié de sa valeur face à l'euro depuis l'automne dernier. Pourtant, Vilhjalmur Egilsson, directeur général de la confédération des patrons islandais, comme Gylfi Arnbjörnsson, président de la confédération des syndicats de l'île, ne cessent de réclamer un assouplissement des conditions de crédit. « Sans baisse des taux, il n'y aura pas d'accord salarial », déclare ainsi Vilhjalmur Egilsson pour le patronat. « Sans accord salarial, nous nous mettrons en grève », rétorque Gylfi Arnbjörnsson pour les syndicats. La révision de l'accord salarial conclu entre les deux parties en février 2008 aurait dû aboutir au début 2009. Et ce sont bien les taux d'intérêt qui la font achopper. « Les taux sont tellement prohibitifs que les entreprises ne peuvent plus emprunter pour investir, explique le patron des patrons. Dans ces conditions, il n'est pas question d'augmenter les salaires. » inflation à plus de 12 %Pourtant, le taux d'inflation, à 12,2 % en juin, rogne sérieusement le pouvoir d'achat. Sur les produits alimentaires, quasiment tous importés, l'inflation frise les 25 %. Quant au taux de chômage, il a bondi, presque triplé, depuis l'an passé, s'affichant à plus de 8 %. Et il pourrait encore se dégrader avec l'arrivée de l'hiver.En apparence bloquée, la situation évolue tout de même. À la fin juin, les syndicats ont apporté leur soutien à une initiative du nouveau gouvernement ? la crise ayant fait tomber le précédent. Hausses d'impôts et réduction des dépenses sont au programme, dans le but de réduire le déficit budgétaire, qui s'élève à 12,6 % du PIB actuellement. En échange, les autorités islandaises se sont engagées, comme le demandait d'ailleurs le patronat, à relancer l'activité économique grâce à des investissements dans les infrastructures ; à restructurer le secteur bancaire et les caisses de retraite ; à lever le contrôle des capitaux, et enfin, à mettre au point une stratégie visant à réduire les taux d'intérêt en dessous de 10 % d'ici au 1er novembre prochain. De quoi mettre syndicats et patronat enfin d'accord?
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