L'Opep s'apprête à réduire fortement sa production de pétrole

Baisser la production, pour faire remonter le prix du baril. À quatre jours de la prochaine réunion des pays producteurs de pétrole, cette hypothèse semblait faire l'unanimité hier, ce qui a précipité la remontée des cours : le baril de brut léger américain pour livraison en novembre a repris jusqu'à 3,6 dollars hier avant de faire l'objet de prise de bénéfice et de revenir à 72,30 dollars en fin d'après-midi (+ 45 cents). Rappelons qu'il avait perdu la moitié de sa valeur en trois mois. Reste à savoir de combien de barils la production de l'Opep sera augmentée. L'équilibre est délicat à trouver. L'organisation a eu par le passé quelques difficultés à ralentir la chute des prix. En 2001, alors que la croissance mondiale régressait de 2 % comme cela semble devoir être le cas en 2009, le ralentissement de l'extraction n'avait pas modifié grand-chose à la dégringolade de l'or noir.SCENARIO DANGEREUX Selon Goldman Sachs, seule une réduction de un million de barils par jour permettrait d'enrayer la baisse des prix. Pour le président actuel de l'Opep, l'Algérien Chakib Khelil, une réduction de 2 millions de barils par jour n'est pas écartée. Une position partagée par l'Iran : selon Mohammad Ali Khatibi, gouverneur de l'Opep, la demande mondiale aurait en effet déjà chuté de 2 millions de barils par jour. Ce scénario pourrait toutefois s'avérer dangereux pour les économies occidentales entrées en récession : un prix du pétrole trop élevé, qui repartirait vers les 100 dollars, risquerait d'instaurer un cycle de stagflation. "Nous pensons que les prix sont encore à des niveaux historiquement élevés, et que le marché est tendu", plaidait hierNobuo Tanaka, président de l'Agence internationale de l'énergie, qui estime qu'une forte réduction de la production compromettrait la santé de l'économie mondiale. "Nous n'avons pas de signes de ralentissement de la demande (de pétrole) dans les pays non-OCDE, et l'Opep doit en tenir compte", estime le spécialiste. Une réduction de moindre ampleur, dans un premier temps, soit entre 500.000 et un million de barils, serait toutefois symboliquement forte. "Ce qui compte, c'est la dynamique qui seramise en route", estime de son côté Olivier Jakob chez Petromatrix, qui prévient que "si la réduction de la production n'enraye pas la chute des prix, il y aura sans doute une autre baisse de la production aumois de décembre". SUSPENSE SUR LA POSITION DE L'ARABIE SAOUDITE Selon plusieurs sources, la réduction de la production pourrait se faire en deux étapes, puisque l'Opep se réunira deux fois d'ici à la fin de l'année, le 24 octobre et le 17 décembre. Encore faut-il que les décisions soient appliquées. Au mois de septembre, l'Opep avait décidé de respecter scrupuleusement ses quotas de production, ce qui n'a pas été le cas, l'Arabie Saoudite réduisant ses tarifs afin demieux exporter son pétrole...et l'Opep a produit en septembre 32,2 millions de baril par jour au lieu des 29,7millions de barils officiels des quotas (hors Irak). "Tous les pays seront d'accord pour signer une baisse de la production, surtout s'ils n'ont pas à la réaliser. Mais le vrai enjeu, c'est l'Arabie Saoudite", précise le rapport mensuel du Center for Global Energy Studies publié hier. Le premier producteur de pétrole n'a pas encore fait entendre sa voix dans ce concert de commentaires. Mais il est clair que le prix d'équilibre du pétrole, que l'Algérie estime entre 60 et 80 dollars le baril, l'Iran à 100 dollars et le Venezuela entre 70 et 90 dollars, est plus bas pour le royaume, assis sur le sixième des réserves mondiales.
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