L'immobilier commercial se replie sous l'effet de la crise

L'édition 2008 du Mapic est bien singulière. Le Salon de l'immobilier commercial, qui se tient actuellement à Cannes et rassemble 350 exposants, enseignes, investisseurs, gestionnaires et promoteurs de centres commerciaux, « sera un drôle de Mapic », confirme Jacques Ehrmann, président de Mercialys, foncière du groupe Casino. L'ambiance dans le Palais des festivals n'est pas à la fête. Car, en huit mois, le marché de l'immobilier commercial a vu virer à la tempête tous les vents porteurs, qui ont assuré 22,4 % de rendement à chaque mètre carré commercial en 2007, selon le bureau d'études Investment Property Databank.Aujourd'hui, la crise financière assèche les fonds nécessaires au montage de nouvelles opérations. « Le nombre de transactions liées à des opérations d'investissement a chuté de 40 % au premier semestre 2008 », estime Christian Dubois, directeur général de Cushman & Wakefiled. Cet été, le prix de l'essence a vidé les centres commerciaux de leurs clients. Et la fragilité actuelle de la consommation ne présage rien de bon sur les plans de développement des enseignes. « D'autant que le financement de leur développement est plus difficile », rappelle Michael Aymes, directeur des études du bureau d'études Quadrivium. Ce ne sera pas sans impact sur les valeurs des actifs et donc des loyers. « Le rapport de force entre un bailleur et son locataire est déjà en train de s'inverser?! », observe le PDG d'une enseigne internationale d'habillement. À tel point que plusieurs cabinets d'immobiliers prédisent la fin de l'âge d'or. King Sturge, cabinet d'immobilier, estime que « 2009 sera l'année des restrictions au Royaume-Uni, en Allemagne, en France, en Espagne et en Italie ». « À Londres, sur un an, les valeurs des actifs de commerce ont chuté de 25 % », observe Gareth Sellars, responsable du département Expertise. Et elles vont baisser d'au moins 30 % du point culminant de l'année 2007 jusqu'à atteindre leur minimum en 2010, prédit King Sturge.l'Hexagone reste attractif Quid en France?? « Le secteur n'est pas encore en crise », tempère Soazig Dumont, responsable des Études chez King Sturge. « Le téléphone sonne toujours », observe Philippe Lehartel, vice-président d'Espace Expansion, gestionnaire de centres commerciaux. Aux yeux des enseignes internationales, l'Hexagone reste attractif. « Elle est toujours sur leur feuille de route », juge Christian Dubois. Il n'empêche. « Parmi les 700 à 750 projets de création et d'extension d'ensembles commerciaux répertoriés en France, beaucoup prendront du retard », prédit Michael Aymes. Et nombre de promoteurs et d'enseignes s'interrogent sur la bonne formule à avoir.« On sait bien aujourd'hui qu'il est absurde de faire 45 minutes d'embouteillage, de griller de l'essence à 1,3 euro le litre pour perdre deux heures à pousser un Caddie?! La crise, celle du pétrole et du pouvoir d'achat, accélère des évolutions structurelles en faveur des centres commerciaux de proximit頻, estime Jacques Ehrmann de Mercialys. Signe que la crise va pousser à réinventer le commerce et le soumettre à des critères « écono-logiques ». À savoir, propres à faire des économies et à respecter l'environnement.
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