Les groupes miniers très vulnérables

À chaque bulle, ses dépréciations en cascade. Si, en 2001, le secteur des technologies et des médias avait payé le plus lourd tribut, cette fois ce sera au tour des groupes miniers de faire les frais de ses acquisitions en haut de cycle. Le secteur a été porté sur les deux dernières années par la formation d'une bulle sur les matières premières et plus particulièrement sur les métaux de base. Un phénomène qui a suscité dans le secteur des vocations pour les opérations de fusions acquisitions tout au long de l'année 2007. Au total, pas moins de 1.732 opérations avaient alors été recensées cette année-là par PricewaterhouseCoopers (PwC) pour un montant total de 159,9 milliards de dollars. Autant d'actifs dont la valeur s'est désormais considérablement dépréciée. Car si la première moitié de 2008 a été marquée par l'envolée des cours des matières premières avec en point d'orgue un baril qui a atteint les 147 dollars mi-juillet, la seconde moitié a été beaucoup moins profitable pour le secteur. brutal coup de freinDémentant la théorie du découplage, les marchés émergents ? à commencer par la Chine ? ont finalement été rejoints par la crise économique, mettant un coup de frein brutal à leur demande de métaux de base. « Les résultats au titre de l'exercice 2008 devraient comporter de fortes dépréciations d'actifs dans le secteur minier. Et cette pratique pourrait se répéter au regard des perspectives du marché. Car si l'offre mondiale a été réduite depuis quelques mois, elle reste excédentaire par rapport à la demande » estime Jean-Bernard Guyon, gérant matières premières chez Global Gestion. En termes d'écart de survaleur d'acquisition (goodwill), il faut d'ores et déjà s'attendre à des dépréciations en cascade dans le secteur. La plus importante devrait à ce titre revenir logiquement à Rio Tinto qui avait, à l'automne 2007, payé le prix fort pour mettre la main sur Alcan. À 44 milliards de dollars, l'opération avait été la plus importante de l'année et représente aujourd'hui un goodwill de 14,6 milliards de dollars pour le géant minier qui cumule à l'heure actuelle 40 milliards de dollars de dettes. Si les écarts de survaleurs devraient être nombreux dans le secteur, les dépréciations d'actifs et notamment de stocks ne devraient pas manquer non plus. La litanie a d'ailleurs déjà commencé. Parmi les acteurs significatifs, BHP a déjà annoncé avoir passé une dépréciation de 2,1 milliards de dollars sur une mine de nickel en Australie. une inconnueAlcoa en a fait de même pour un montant de 500 millions, Rio Tinto pour 200 millions et Lundin Mining pour 153 millions?. Reste à savoir désormais si les dépréciations de stocks seront finalement plus importantes que celles des survaleurs. Surtout, la question est de savoir quel sera, entre bénéfices mirobolants et importantes dépréciations, le facteur qui aura le plus d'impact sur les résultats des groupes miniers. Gaël Vaut
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