Les banques françaises repassent au guichet de l'État sans hésitation

Après avoir fait mine à l'automne de ne pas être intéressées par l'aide de l'État, les six premières banques françaises ne font plus la fine bouche. Dans la foulée de l'annonce, hier, par la ministre de l'Économie, Christine Lagarde, de la mise à leur disposition d'une seconde tranche équivalente de 10,5 milliards d'euros destinée à renforcer leurs fonds propres, toutes affichaient leur intérêt. Symbole du consensus, la Fédération bancaire française (FBF) précisait que « les principales banques françaises, déterminées à poursuivre leur activité de financement de l'économie dans la conjoncture actuelle, accueillent favorablement la faculté qui leur est ouverte par l'État, de participer » à l'opération en proportion de leur poids dans l'économie.Comme la première fois, l'objectif est de relever de 0,5 point le ratio de solvabilité des banques concernées. Mais compte tenu de l'aggravation de la conjoncture et de la méfiance des investisseurs à l'égard de la solidité des opérateurs, les modalités de cette deuxième tranche ont évolué. Les établissements pourront émettre d'ici le 31 août des titres super-subordonnés (TSS) ou ? c'est la nouveauté ? des actions de préférence sans droits de vote auxquelles la puissance publique souscrira via la Société de prise de participation de l'État (SPPE). Mieux, les banques bénéficiaires pourront aussi transformer leurs TSS de la première tranche en actions de préférence sans droits de vote. Ces titres ont non seulement l'intérêt de ne pas diluer les actionnaires existants mais ils sont aussi assimilables à des fonds propres « durs », aussi appelés « core Tier 1 ». Or le niveau de cette catégorie de fonds propres est un indicateur important de solidité des banques pour les marchés. BNP Paribas, dont le core Tier 1 est parmi les plus bas du secteur (5,7 %), a ainsi vu la valeur de son titre chuter de près de 60 % en trois mois.concessionsSi les banques n'ont pas précisé quel instrument elles privilégieraient, les groupes cotés ne devraient donc pas se priver de la possibilité de renforcer leurs fonds propres durs. Même si Bercy précise que la rémunération des actions de préférence sans droit de vote sera supérieure à celle des titres super subordonnés. Ce surcoût est un détail en comparaison des concessions que les banques ont fait pour disposer de cette nouvelle injection de fonds propres.Après avoir dû renoncer à leurs bonus et à distribuer des dividendes, leurs dirigeants viennent encore de s'engager à financer pour 7 milliards d'euros de contrats à l'exportation, en plus de l'obligation d'augmenter de 3 à 4 % par an leurs encours de crédits à l'économie. Ninon Renaud
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