Le risque souverain arbitre des taux de change

Le marché des changes est devenu un baromètre du risque bancaire et de son corollaire, le risque souverain. C'est la raison pour laquelle les arbitrages des acteurs du marché continuent d'être favorables au dollar au détriment de l'euro et surtout de la livre sterling naufragée. De fait, une corrélation inverse puissante s'est développée entre l'évolution du dollar et les indices d'aversion au risque. Il en va ainsi de celui du risque crédit : plus le coût de l'assurance contre le défaut de paiement d'un État, mesuré par le « credit default swap (le CDS), est élevé plus sa monnaie est sous pression. chute supplémentaireLe CDS des États-Unis, même s'il bat des records, s'élevait hier à 71,8 points de base, tandis que celui de la Grande-Bretagne se tendait à 142. Cela veut dire qu'un investisseur paye 71.800 dollars par an pour assurer 10 millions de dollars d'obligations à cinq ans outre-Atlantique mais 142.000 dollars outre-Manche. Dans la zone euro, même si les CDS de l'Allemagne et de la France restent à un niveau raisonnable de 56 et 65 points de base respectivement, les taux ont bondi dans les deux pays récemment dégradés par l'agence Standard and Poor's pour monter à 158 en Espagne et 292 en Grèce. Dans les deux autres pays menacés de dégradation de leurs notes souveraines, on les retrouve à 187 en Italie et 297 en Irlande.Pas étonnant que l'euro ait continué à céder du terrain face au dollar, pour refluer hier à un nouveau point bas d'un mois et demi, jusqu'à moins de 1,2850. Hans Redeker, le stratège change de BNP Paribas, prédit une chute supplémentaire de 15 % de la monnaie unique qui la ferait tomber à 1,10 dollar au deuxième trimestre, au fil du creusement des écarts de rendements dix ans dans la zone euro. Pas surprenant non plus que la livre sterling ait continué à s'enfoncer dans des sables mouvants pour tomber hier, en séance, à un nouveau plancher de sept ans et demi face au dollar, à 1,3715, le jour où la Banque d'Angleterre a annoncé qu'elle se préparait à ouvrir le robinet des liquidités en créant de la monnaie. Et ce, avant même que les taux britanniques ne soient tombés à zéro, puisque leur dernière baisse, à 1 % au début du mois, laisse encore une marge à la politique conventionnelle. Isabelle Croizard
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