Le « Corriere della Sera » s'oppose à son actionnaire

PresseRien ne va plus dans la presse quotidienne italienne. Les principaux éditeurs de quotidiens transalpins réagissent à la forte chute de leurs recettes publicitaires par des plans de restructuration assez sévères. Au total 500 postes de journalistes seraient supprimés dans le cadre des divers plans d'économies à l'étude. Le cas le plus en vue est le sort du « Corriere della Sera », le premier quotidien du pays avec ses 557.000 exemplaires vendus en moyenne chaque jour. 88 des 361 postes à la rédaction du vénérable quotidien fondé en 1876 seraient menacés selon des représentants du personnel.Son propriétaire, le groupe d'édition RCS Media Group, ne confirme que « des mesures structurelles et permanentes à travers toutes les sociétés du groupe, en Italie et à l'étranger, pour économiser plus de 200 millions d'euros, y compris sur le coût du travail ». Cela signifie que ces coupes, représentant 7,5 % du chiffre d'affaires annuel de RCS, toucheront aussi les activités du groupe en Espagne (quotidiens « El Mundo », « Marca ») mais aussi en France (où il possède l'éditeur Flammarion). Au premier trimestre 2009, RCS a en effet bouclé de nouveau des comptes dans le rouge avec une perte de 40,7 millions d'euros.six jours de grèveLa rédaction du « Corriere » a vivement réagi au plan de restructuration qui lui a été présenté : elle l'a rejeté comme « irrecevable », soulignant que le tout nouveau directeur de la rédaction, Ferruccio De Bortoli, avait lui-même qualifié « d'inacceptable l'hypothèse du plan de restructuration de l'entreprise ». Le comité de rédaction du « Corriere » a décidé « six jours de grève pour défendre l'emploi, la professionnalité, la qualité et le prestige du titre », à des dates restant à fixer.Les journalistes du « Corriere » mettent en cause le peu d'investissement de leurs actionnaires en cinq ans (4 millions), contre 274 millions de dividendes perçus. Surtout, ils critiquent « les dommages provoqués par les acquisitions et erreurs des managers ». L'allusion vaut pour le rachat il y a deux ans du groupe espagnol Recoletos (« Marca », « Expansion ») pour 1,1 milliard d'euros. à l'image des autres quotidiens, le « Corriere » et la « Gazzetta dello Sport » (tous deux de RCS) ne souffrent pas tant d'une baisse de leur diffusion, relativement stable, que d'un fort recul de la publicité (? 22,8 % sur un an).D'autres éditeurs comme le groupe L'Espresso (« La Repubblica »), Poligrafici et Caltagirone, ont mis en place des plans de réduction de leurs coûts. Au quotidien romain « Il Messagero », l'éditeur Caltagirone veut supprimer 48 postes à la rédaction, après avoir lancé aussi des plans similaires dans d'autres quotidiens locaux de son groupe. Frank Paul Weber, à Rome
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.