Benoît Potier, acteur de l'air« Une vie en apesanteur » ? Ai...

Benoît Potier, acteur de l'air« Une vie en apesanteur »? Ainsi pourrait-on résumer le parcours professionnel de Benoît Potier, cinquième président d'Air Liquide. Ce centralien a fait toute sa carrière dans cette société spécialisée dans les gaz pour l'industrie, l'environnement et la santé. « Pourquoi aurais-je quitté cette entreprise qui m'a donné tout ce que j'attendais : des métiers très différents, une capacité de créativité, l'exposition au monde entier ? Nous sommes au c?ur de l'environnement puisque, finalement, l'atmosphère, c'est nous ! » explique-t-il.Cet ingénieur d'origine alsacienne paraîtra à certains un peu austère. Mais il ne faut pas se fier aux apparences? Car c'est sur les planches que le PDG d'Air Liquide, passionné de théâtre, a fait ses premiers pas, pendant ses études. « On a monté une troupe qui s'appelait le Théâtre de l'Orme, et, pendant deux-trois ans, on a monté des spectacles ensemble. On jouait dans la région parisienne, dans des salles des fêtes, et on a organisé des tournées dans le sud de la France. Benoît avait beaucoup de fantaisie, ce que n'amène pas forcément sa fonction actuelle », se souvient son ami comédien et juge de la série télé « les Cordier, juge et flic », Bruno Madinier. Celui qui jouait les jeunes premiers de comédie au festival off d'Avignon ? il a rencontré sa femme au conservatoire ? a même pris une année sabbatique pour assouvir sa passion, dans une troupe professionnelle.Benoît Potier assure avoir beaucoup appris de cette expérience : « Le jeu de rôle est quelque chose de très important, dans la vie. On ne peut pas y échapper », avant d'ajouter : « Et on peut avoir des rôles très différents, d'où l'austère qui se marre. »Entré chez Air Liquide en 1981 après la deuxième crise énergétique comme ingénieur, il se distingue en mettant au point une nouvelle colonne de distillation des gaz. Il est alors promu chef de projet. « Je voulais aller aux États-Unis, on m'a dit : ?C'est une excellente idée mais on va vous proposer autre chose : la région parisienne?? » Depuis qu'en 2001 il a pris les rênes de ce groupe qui compte 43.000 collaborateurs répartis dans 75 pays, il se rattrape. Et pour cause : « On ne réalise que 20 % du chiffre d'affaires en France », aime-t-il à rappeler.Benoît Potier fait partie de cette génération de patrons qui, comme le souligne Maurice Lévy, comprennent « bien tous les enjeux, les publics, et ayant avec l'interne ? en particulier les représentants du personnel ? une relation beaucoup plus ouverte ». Il n'hésite pas à tout réinventer, à tout remettre à plat. « Lors des dernières élections européennes, il y a eu un grand message sur l'environnement. Qu'est-ce que ça veut dire en matière de technologie, de comportement du consommateur et quelles leçons en tirer quand on fait des produits pour ces consommateurs ? C'est en se posant ces questions qu'on arrive à inventer le futur », explique-t-il, avant d'ajouter, pragmatique : « Notre projet Alma nous a fait croître pendant un an et demi à 10 %, et puis la crise est arrivée et du coup, alors que nous envisagions de recruter 35.000 personnes dans les cinq ans, la question se pose autrement. »Mais il en faudra plus pour désarçonner celui qui a été désigné par les lecteurs de « La Tribune » stratège de l'année 2008. « Il est clair que, s'il y a une chose qui caractérise Air Liquide d'une part et Benoît Potier d'autre part, c'est le goût de la performance, de la conquête des grands marchés et de l'expansion internationale. Et puis une attention très forte portée aux actionnaires et tout particulièrement aux petits porteurs », confirme Maurice Lévy. L'intéressé se projette déjà dans d'autres conquêtes postcrise. « C'est un moment d'intense réflexion sur les métiers, les positionnements, la bonne façon de se déployer. C'est passionnant », conclut cet « acteur de l'air » tout en entrouvrant une autre porte pour l'avenir quand on insiste un peu : créer sa propre entreprise. « C'est la prochaine vie », lâche-t-il dans un sourire. Et ça n'a pas l'air d'être du théâtre?Tatiana Renard-Barzach
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