Nomura et Mizuho ont besoin de capitaux

La crise rattrape la finance japonaise. Épargné par la première vague des subprimes, le secteur financier est pourtant à la recherche d'argent frais. Hier, le groupe de services financiers Nomura a annoncé qu'il allait émettre 716 millions de nouvelles actions, soit une augmentation de capital de 36 %, s'élevant à 331,7 milliards de yens (2,8 milliards d'euros). La moitié des actions iront sur les marchés étrangers, l'autre au Japon. Après quatre trimestres consécutifs de pertes et l'acquisition ruineuse des opérations européennes et asiatiques de Lehman Brothers après sa faillite, Nomura est exsangue. Son cours a dévissé de 69 % depuis le début de l'année fiscale, en avril dernier.dividende alléchantHier encore, alors que l'organisme de crédit SFCG se mettait en faillite, laissant une ardoise de 338 milliards de yens, la mégabanque Mizuho a annoncé l'émission d'actions privilégiées pour un montant de 850 millions de dollars. La banque promet un dividende de 15 % pour les souscripteurs, soit trois fois plus que lors de sa dernière émission, en décembre. Un tel différentiel montre qu'« il est de plus en plus difficile pour les banques d'émettre un tel papier sur les marchés internationaux », relève l'analyste Kristine Li dans une interview à Reuters. Au total, Mizuho a levé 4,5 milliards de dollars depuis avril dernier. Il y a quelques jours, sa concurrente MUFG avait émis pour 790 milliards de yens (6,5 milliards d'euros) de nouvelles actions. Jusqu'où pourront-elles emprunter ? Si le spectre des mauvaises créances est encore loin (celles-ci représentent aujourd'hui 2,5 % de l'ensemble des créances, contre 8,4 % en 2002), les banques japonaises redeviennent fragiles. « Leurs faibles marges les font passer facilement du bénéfice à la perte », relève un analyste.Cette fois, pour le moment, c'est d'abord par leurs portefeuilles d'actions qu'elles sont contaminées par la crise : les 6 mégabanques nippones ont essuyé en trois trimestres, depuis avril, une perte de 900 milliards de yens (7,5 milliards d'euros) sur ce portefeuille de titres, à laquelle est venue s'ajouter une perte de 772 milliards d'euros sur leurs créances douteuses.Régis Arnaud, à Tokyo
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