Au-delà de la simple exposition ? qui réunit tout de même 250 ?uvres ?, c'est une histoire passionnante que nous fait redécouvrir « La Ruche, cité des artistes » au palais Lumière d'Évian. À savoir celle d'Alfred Boucher (1850-1934), sculpteur fortuné qui fait l'acquisition d'un bâtiment conçu par Eiffel pour l'Exposition universelle de 1900, qui fut déplacé à Montparnasse et transformé en phalanstère deux ans plus tard. Amoureux de l'art, Boucher loue une parcelle de son antre à qui veut du moment que des ?uvres en sortent. Le loyer est modéré et d'ailleurs rarement payé. Petit à petit les 150 « alcôves » se remplissent d'artistes. La ruche se met à bourdonner.Max Jacob, Apollinaire et Blaise Cendrars y rendent visite à leurs amis. Tous se feront bientôt connaître sous l'appellation d'école de Paris. Mais c'est un peu plus tard que la Ruche connaît son âge d'or. Lorsque viennent s'y installer Chaïm Soutine, Marc Chagall et Fernand Léger dans la première décennie du XXe siècle. On retrouve leurs peintures présentées sur des chevalets au fil d'un parcours sinueux qui recrée la forme labyrinthique du lieu parisien.émulation de groupeNul doute que ces artistes bénéficient alors d'une émulation de groupe. Léger par exemple qui, lorsqu'il arrive à 20 ans, travaille aux côtés d'Archipenko et va même avec lui jouer de la guitare sous les fenêtres pour récolter quelques sous. Quant à Chagall, cinq de ses autoportraits nous sont montrés, tous très différents, révélateurs de ses expérimentations foisonnantes. Modigliani ? dont on peut notamment voir deux ?uvres peintes au recto et au verso d'une même toile par économie d'argent ? passe lui aussi par là. Le renouvellement des artistes est incessant jusqu'à l'éclatement de la Seconde Guerre mondiale. Tombé en désuétude, le bâtiment reprendra vie dans les années 1950 autour de Paul Rebeyrolle. Comme le montrent les travaux exposés au sous-sol de l'exposition, une soixantaine d'artistes y travaillent encore aujourd'hui. Hélas, on n'y trouve guère qu'Ernest Pignon-Ernest pour se démarquer de cette ruche dont le miel est un peu moins doré qu'avant. Olivier Le Floc'h « La Ruche » au palais Lumière d'Évian jusqu'au 10 mai. Tous les jours, de 10 à 19 heures. Lundi de 14 à 19 heures. Tél. : 04.50.83.10.00.

latribune.fr

07 Mars 2009, 1:30

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