Christine Albanel, le bon soldat remercié

olitiqueSans attendre l'annonce officielle du remaniement ministériel, Frédéric Mitterrand a rendu publique son arrivée au ministère de la Culture. Il a fait ses adieux hier matin à la Villa Médicis, à Rome, un an après sa nomination à sa direction, avant de s'envoler pour Paris. L'Élysée l'aurait appelé vendredi soir et il aurait immédiatement accepté, a-t-il confié à « VSD ». Christine Albanel, la ministre en titre, devait être reçue à Matignon hier en fin d'après-midi. Le matin encore, interrogée en marge d'un point presse, elle assurait qu'elle ne savait rien et assumait ses responsabilités, « jusqu'à la dernière minute avec conviction ». Plus tard, elle déclarait à la chaîne Public Sénat : « Je connais Frédéric Mitterrand. Je forme de toute façon des v?ux pour le succès de qui me succèdera.» Entre le bon soldat Albanel, discrète, sérieuse, mais piètre oratrice, ni mondaine ni glamour, et le plaisir d'accrocher le nom de Mitterrand à son tableau de chasse avec une personnalité connue du petit écran et du grand public, Nicolas Sarkozy n'a pas dû tergiverser longtemps. Nommée en mai 2007, constamment court-circuitée au début par Georges-Marc Benamou, éphémère conseiller à l'Élysée prétendant agir comme un ministère de la Culture bis, Christine Albanel a de fait assumé consciencieusement les choix de Nicolas Sarkozy pour le secteur des médias et de la culture.sujet sensibleJusqu'au bout, son cabinet a préparé le projet de loi devant compléter par un dispositif de sanction au piratage la loi « Création et Internet », censurée en partie par le Conseil constitutionnel le 10 juin (lire ci-dessous), pour pouvoir le présenter aujourd'hui en Conseil des ministres. Elle laisse donc à son successeur ce dossier si sensible du droit d'auteur sur Internet, sur lequel son prédécesseur, Renaud Donnedieu de Vabres, avait trébuché avec la loi DADVSI. Cette fois, Nicolas Sarkozy avait pris en main la question des droits d'auteur sur Internet. C'est à l'Élysée qu'avaient été signés les accords entre tous les secteurs de la création culturelle (musique, cinéma?) et les fournisseurs d'accès à Internet, à la suite de la mission confiée à Denis Olivennes, alors patron de la Fnac.La loi « Création et Internet » ou Hadopi en était la transcription. Christine Albanel l'a soutenue sans état d'âme, malgré le parcours chaotique du texte : rejet surprise à l'Assemblée faute de mobilisation des députés UMP face à des socialistes déterminés, censure sévère du Conseil constitutionnel malgré les garanties que la Rue de Valois avait cru prendre auprès du Conseil d'État. Des ratés qui l'ont fragilisée à l'Élysée tout comme la mise au grand jour de la proximité de son cabinet et du groupe TF1, après le licenciement d'un salarié de TF1 hostile à cette loi, sur la foi d'un courriel personnel transmis par le ministère de la Culture à TF1.Autre chantier inachevé : celui de la télévision publique. Le 8 janvier 2008, Nicolas Sarkozy décrétait, sans l'en avoir avertie, la fin de la publicité à la télévision publique. Contredite sur la hausse de la redevance, prise de court sur la nomination directe des dirigeants de l'audiovisuel public par le chef de l'État, elle mènera, stoïque, à son terme une loi audiovisuelle reprenant tous les éléments de la déclaration du président de la République. À son successeur désormais d'accompagner France Télévisions dans une réforme interne qui constitue un gigantesque chantier de management. Et de préparer l'avenir quand, en 2012, France Télévisions aura cumulé quelque 300 millions d'euros de pertes nettes et sera, en théorie, privée de publicité non seulement après 20 heures mais aussi en journée.
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