UN JEU DE CHAISES MUSICALES : voilà comment les ministres en exercice conçoivent les remaniements ministériels. Christine Boutin voudrait la Justice. Mais Jean-Louis Borloo et Xavier Darcos aussi. Si ce dernier l'emporte, Nadine Morano pourrait donc récupérer l'Éducation (élargie à la Famille, s'il vous plaît). À moins qu'elle ne préfère l'Intérieur. Revenons à Christine Boutin : elle prendrait alors l'Agriculture. C'est sans compter que trois autres sont déjà sur l'affaire. Quel joli mois de mai en perspective ! En tout cas, nous comprenons bien le sens du cours d'éducation civique dispensé par le gouvernement : la différence essentielle entre un ministre et un fonctionnaire est qu'un fonctionnaire sur deux n'est pas remplacé, tandis que les ministres se remplacent les uns les autres. Cette hâte, cette interpénétration des ambitions, est l'une des choses les mieux vues dans les romans des années 1870 ou 1880 qui se sont intéressés à la vie intime du détenteur de maroquin. Le roman que nous citons ici, s'il n'est qu'une pâle imitation de « Son Excellence Eugène Rougon » de Zola, a été un véritable best-seller. Hormis les m?urs galantes des ministres, on y voit la fascinante précipitation des prétendants : à peine en place, le protagoniste Sulpice Vaudrey rencontre déjà ses tombeurs. Et en effet, il tombe. C'est la différence avec le jeu de chaises musicales ou de dames chinoises que voudraient jouer nos ministres cent trente ans plus tard.

latribune.fr

12 Mai 2009, 1:37

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