Ces rachats qui virent à la déroute

L'actualité, ces derniers jours, offre toute une palette de déconvenues subies par des groupes de premier plan qui s'étaient donné du mal, et avaient payé cher, pour acquérir ce qu'ils pensaient être des pépites. Et voilà que la proie s'est révélée toxique pour le prédateur.Nomura, le géant japonais de la finance, a annoncé hier une perte record de plus de 5,5 milliards d'euros. Tout s'en est mêlé : la chute des marchés, bien sûr, la déconfiture des banques islandaises et l'escroquerie Madoff aussi, dans lesquelles Nomura avait placé des billes, mais surtout le rachat d'une partie des actifs de Lehman Brothers, après le fatidique 15 septembre 2008. La plongée du monde dans la crise a transformé l'investissement en boulet. On pourrait rapprocher cette mésaventure de l'affaire ABN Amro : en octobre 2007, la banque néerlandaise était rachetée de haute lutte par Fortis, Royal Bank of Scotland et Santander, pour 71 milliards d'euros. À l'époque, Barclays qui n'en offrait que 63 milliards, avait « reconnu sa défaite ». Un vocabulaire martial bien caractéristique de l'euphorie du haut de cycle, quand aucun prix ne paraissait trop élevé pour enlever une cible à son concurrent. Dix-huit mois plus tard, Fortis a été démantelée, RBS a fait les plus grosses pertes de son histoire et Santander a perdu un peu de sa réputation de sagesse. En France, mutatis mutandis, Caisses d'Épargne et Banque Populaire ont été forcées de fusionner après avoir vu leur supposé diamant Natixis se révéler un simple morceau de charbon?rentabilité nébuleuseL'histoire de Yahoo est différente : c'est celle d'une activité surpayée, GeoCities, dont le business model se délite progressivement. Le portail américain a décrété hier qu'il fermait cet hébergeur de sites acheté 3.57 milliards de dollars une décennie plus tôt. Le monde de l'Internet abonde en déceptions de ce genre. Elles furent même la règle il y a dix ans, quand n'importe quelle idée séduisante permettait de lever des milliards, avec des perspectives de rentabilité parfaitement nébuleuses. À confondre innovation technologique, succès public et rentabilité, Ebay s'est lui aussi trompé en rachetant Skype en 2005 pour 3,1 milliards de dollars. Au premier trimestre 2009, l'opérateur de téléphonie gratuite sur Internet a contribué pour 153 millions de dollars au chiffre d'affaires d'Ebay? Les rumeurs vont bon train sur la revente de Skype à ses fondateurs.Dans la vieille économie, l'exemple le plus éclatant de mauvais timing est l'OPA de Schaeffler sur Continental. Le petit rachetait le gros, contre son gré, en le valorisant à près de 12 milliards d'euros. C'était à l'été 2008 et déjà l'effondrement du marché automobile se profilait?
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