Yahoo ferme Geocities, acheté 3,5 milliards de dollars

C'est l'une de ces histoires comme seule la bulle Internet des années 1999-2000 a su en fabriquer. Une époque où l'on ne comptait pas l'argent, où la valeur des entreprises n'avait pas comme critère la rentabilité, mais l'audience, le nombre de visiteurs sur le Web, le succès auprès du public. À cette folle époque, le portail Yahoo n'a pas hésité à débourser 3,57 milliards de dollars pour Geocities, un service d'hébergement de sites Web, qui évidemment n'était pas rentable. Certes, l'opération a été réglée en actions, à un moment où les valorisations étaient au firmament. Mais si le prix était délirant, le choix de la cible était tout aussi hasardeux.Le portail Internet hésitait entre le métier d'opérateur et celui de média. Il a fini par se recentrer sur le métier de média, remettant en question la légitimité de son acquisition. Yahoo, qui cherche aujourd'hui à faire des économies, a annoncé hier qu'il fermera cette année Geocities, dont l'audience n'a cessé de décroître. En attendant, il n'accepte plus l'ouverture de nouveaux comptes.erreurs stratégiquesGeocities n'était pas sa seule folie de l'époque. Toujours en 1999, il fait l'acquisition de Brodcast.com, une société qui diffuse de la vidéo sur Internet. Montant de l'opération : 5,7 milliards de dollars ! Le chiffre d'affaires de l'entreprise est alors de 22,8 millions de dollars, et sa perte de 22,8 millions. Rebelote en 2004, pour des montants plus raisonnables. Cette fois, il met la main sur Kelkoo. Le comparateur de prix sur Internet, « fleuron » des start-up française, ne lui coûte « que » 475 millions d'euros. Petite différence, la somme est cette fois réglée en cash. Là aussi, erreur stratégique, Yahoo se rendra compte par la suite qu'un monde sépare son c?ur de métier, le média, et celui de moteur de shopping. Yahoo n'a pas réussi a intégré Kelkoo. Il l'a revendu en en novembre 100 millions d'euros.Yahoo n'est évidemment pas le champion des acquisitions chères et ratées. Le rachat du navigateur Netscape par le fournisseur Internet AOL, en 1998 pour 4,2 milliards de dollars, est à ce titre exemplaire. À ce moment-là, le navigateur Internet a déjà perdu la bataille contre Internet Explorer de Microsoft. Et l'Europe n'est pas en manque de mésaventures. En 2000, Terra (aujourd'hui intégré dans l'Espagnol Telefonica) reprend le portail Lycos? 12 milliards de dollars (en actions). Depuis, la branche américaine avait été revendue 1 % de sa valeur, tandis que les activités européennes ont récemment été fermées. En France, Vivendi s'est aussi distingué dans les opérations hasardeuses, en mettant la main, à l'époque de Jean-Marie Messier, sur des start-up aujourd'hui disparues. iFrance fut acquis, en 2000, 150 millions d'euros, Uproar, 159 millions d'euros? Sandrine Cassini
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.