Nomura a vu trop grand en reprenant Lehman

2,2 milliards de dollars : c'est le montant de la perte essuyée au cours du trimestre janvier-mars par la maison de titres japonaise Nomura. Outre un marché boursier intérieur en chute libre, le courtier doit compter avec sa propre turpitude : le rachat de Lehman Brothers. Celui-ci était présenté comme une « occasion historique » pour le développement international de Nomura. Ce dernier n'a payé que 525 millions de dollars pour les activités Asie, et 2 euros pour l'Europe (Barclays a racheté les activités américaines) le 23 septembre dernier. Mais l'opération s'est révélée ruineuse. Elle devrait coûter au bas mot 2 milliards de dollars à Nomura.Ce dernier doit d'abord financer les licenciements des Lehman boys dont il ne veut pas. Mais il y a plus cher : les cadres qu'il veut garder ! Nomura leur a effectivement offert des contrats très généreux, leur garantissant parfois des bonus pour les deux prochaines années équivalant à ceux qu'ils recevaient chez Lehman en 2007. Une man?uvre d'autant plus risquée que la véritable expertise de Lehman, aux États-Unis, est partie chez le concurrent Barclays. « Paradoxe : alors que la pingrerie de Nomura faisait rire toute la planète financière, il est aujourd'hui, malgré lui, le courtier le plus généreux du monde avec ses traders ! » s'amuse un banquier français qui travaille à Tokyo. « On vient dans un bureau le matin. On ne fait rien. Le soir, on rentre chez nous. Pas de liquidité ! » raconte un ex-Lehman récupéré par Nomura.suppressions de postesLe coût de l'absorption est si élevé que Nomura est obligé de tailler dans ses propres troupes pour la financer. Vendredi, il a annoncé 2.100 suppressions d'emplois.Mais le fond du problème est ailleurs. Nomura est la plus japonaise, et la plus fière, des institutions. Ses cadres obéissent aux règles de l'avancement à l'ancienneté, aux réseaux fidèles de clients, tandis que la culture Lehman, à l'opposé, est faite d'agressivité, de compétition permanente et de récompenses à la performance. Bref, deux modes de fonctionnement opposés. À Tokyo, les meilleurs éléments de Lehman ont été débauchés par Barclays, qui leur a pourtant offert des salaires inférieurs aux propositions de Nomura. régis arnault, à tokyo
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