« Si le dossier d'instruction va en l'état devant le tribunal, il risque d'exploser »

Pourquoi avez-vous décidé de défendre Jérôme Kerviel ?En acceptant de prendre le dossier de Jérôme Kerviel, j'avais le sentiment que cet homme était broyé par un système dont on lui faisait porter toute la responsabilité et toutes les défaillances. Or l'affaire Kerviel n'a pu exister que pour une raison : la banque a laissé faire tant que l'argent rentrait. Autrement dit, elle savait. Et Jérôme Kerviel n'a pas gagné un centime sur ces opérations. C'est un homme posé et réfléchi et non pas un fou furieux.En quoi votre défense apporte-t-elle du nouveau ?Après une lecture approfondie, j'ai constaté que certains aspects du dossier n'avaient pas été exploités, d'où cette demande d'actes complémentaires. Un audit a été fait par Fimat, mais les auditeurs n'ont pas été entendus. Autre surprise, la Commission bancaire a effectué un rapport et infligé à la Société Généralecute; Générale une amende de 4 millions d'euros, mais les procès-verbaux des auditions de cette instance ne sont pas dans le dossier d'instruction. J'insiste pour qu'ils y soient.Pourquoi demandez-vous le recours à un comité d'experts ?À partir de toutes les pièces demandées, un comité d'experts pourrait alors dire ce que devait savoir la Société Généralecute; Générale. J'espère que mes nouvelles demandes vont être prises en compte par les deux juges d'instruction. Car si le dossier va en l'état devant le tribunal, il risque d'exploser à cause des éléments manquants. Ma démarche consiste à mettre en évidence ces lacunes dès maintenant dans le souci d'une instruction complète. Je cherche à démontrer que les opérations cachées de Jérôme Kerviel étaient en réalité visibles pour la Société Généralecute; Générale. Ma demande d'actes complémentaires a, semble-t-il, troublé le parquet. Je rencontrerai en début de semaine prochaine les deux magistrats instructeurs.Recherchez-vous la poursuite de la banque ?Je ne demande pas que la Société Généralecute; Générale soit poursuivie, mais que Jérôme Kerviel ne le soit pas. Si l'on établit que cet établissement avait connaissance des agissements de son trader, alors l'abus de confiance n'est plus fondé à l'encontre de Jérôme Kerviel. J'envisage son innocence et cela me suffit. Je veux démontrer que Jérôme Kerviel ne doit pas être le bouc émissaire de la crise financière et économique. Je ne supporte pas qu'une seule personne soit considérée comme le responsable d'un système qui le dépasse.Propos recueillis par Frédéric Hastings et Benjamin Jullienmaître olivier metzner, avocat de jérôme kerviel
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