Pékin prêt aux représailles commerciales

commerceHypocrisie. » Le mot revenait souvent hier dans les réactions chinoises après l'action initiée mardi par les États-Unis et l'Union européenne auprès de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) contre la Chine. Les puissances occidentales lui reprochent de taxer ses exportations de matières premières afin d'en freiner la sortie et ainsi faire profiter ses industries d'un approvisionnement meilleur marché. Mais certains experts chinois jugent l'accusation mal venue de la part de pays industrialisés eux aussi tentés par le protectionnisme dans le cadre des plans de relance qu'ils mettent en ?uvre pour contrer la crise. « L'OMC interdit de restreindre les importations et oblige les pays à ouvrir leurs marchés. Mais il n'existe aucune disposition spécifique sur ce qu'un pays doit faire pour exporter », s'impatientait hier Zhou Shijian, un ancien responsable chinois du ministère du Commerce extérieur. Pékin a aussitôt contre-attaqué en accélérant l'action lancée auprès de l'OMC contre la loi américaine limitant les importations de poulets chinois cuisinés.Pendant plusieurs années après avoir rejoint l'OMC (2001), la Chine a bénéficié d'une période d'observation durant laquelle ses partenaires commerciaux se sont abstenus de toute action auprès de l'OMC. Rapports après rapports, les chambres de commerce américaine et européenne n'ont pourtant pas cessé de se plaindre des lourdeurs administratives chinoises. Cette phase de latence s'est brutalement interrompue en juillet dernier lorsque Washington a saisi le gendarme des échanges commerciaux sur le dossier des pièces automobiles chinoises que Pékin est accusé de favoriser au détriment des importations de pièces étrangères.Avec la nouvelle action intentée mardi, qui se résume pour l'instant à l'ouverture de consultations qui pourront éventuellement conduire à la constitution d'un panel de juges, les pays industrialisés signifient à la Chine qu'elle n'est plus un novice, qu'elle doit remplir ses obligations et que sa place au sein des membres de l'OMC doit se normaliser.la question des taxesReste à savoir si accuser la Chine d'imposer des taxes sur ses exportations de silicone ou de manganèse peut être assimilé à une subvention aux entreprises de nature à fausser la concurrence. Hier, Pékin avait beau jeu de rappeler que les plaignants avaient eux-mêmes érigé des taxes à leurs frontières sur les importations de matières premières en provenance de Chine, preuve que certaines de ces ressources sont déjà présentes en quantité suffisante sur les marchés du Nord.Les arguments chinois ne doivent toutefois pas faire oublier que la Commission nationale du développement et de la réforme (CNDR) a édicté mi-juin un règlement exhortant les pouvoirs locaux à privilégier les entreprises chinoises lors d'appels d'offres lancés dans le cadre du plan de relance (585 milliards de dollars) mis en ?uvre par Pékin. Il s'agit de « rétablir un environnement de marché favorable à la concurrence », a sobrement commenté le ministère des Affaires étrangères chinois. Au début de l'année, le Congrès avait failli introduire une clause « buy american » dans le plan de relance préparé par Barack Obama, que le président américain avait dû faire retirer sous la pression internationale.
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