Fragile embellie sur le marché immobilier américain

ConjonctureUn appartement de luxe en plein Manhattan, à 1,7 million de dollars au lieu des 2,49 demandés il y a un an : Paul Krugman, le Prix Nobel d'économie et professeur à Princeton, vient de faire une bonne affaire, surtout pour quelqu'un dont le rêve était d'avoir « un simple appartement avec une machine à laver et un sèche-linge »? Et s'il avait attendu encore un peu ? Aurait-il pu payer encore moins cher ? Tout dépend évidemment de l'évolution à venir du marché de l'immobilier outre-Atlantique.Paul Krugman semble penser que l'embellie est à l'horizon. Il en veut pour preuve le léger frémissement récemment constaté sur les prix. L'indice S&P Case-Shiller est en effet, et pour la première fois depuis des mois, ressorti en très légère hausse (+ 0,4 %) en avril, après avoir constamment reculé, au point d'enregistrer une baisse de plus de 17 % sur un an et de 39 % entre le plus-haut et le plus-bas. L'indice de juin, qui sera publié cet après-midi, donnera une nouvelle indication de l'état du marché. Certains craignent cependant une nouvelle dégradation des prix. Car, si le marché s'est quelque peu repris, ce serait essentiellement grâce au programme gouvernemental incitant, avec un bonus de 8.000 dollars à la clé, les primo-acquérants à passer à l'acte avant le 30 novembre prochain. En juillet, 31 % des ventes auraient été le fruit de cette politique. D'autres éléments militent également en faveur d'une amélioration du marché : les taux d'intérêt sont si bas qu'ils dopent la demande. Et l'adéquation entre les prix (qui ont baissé) et les revenus des acheteurs est meilleure qu'auparavant.plan de sauvetageSans oublier le plan de sauvetage concocté par l'administration Obama. Visant à modifier les conditions des prêts de certains ménages, il a permis, selon le département du Trésor, de modifier un total de 235.000 prêts à fin juillet, tandis que 172.000 autres devaient l'être prochainement. Le programme n'ayant réellement commencé qu'à la mi-avril, les chances d'atteindre l'objectif (600.000 modifications) cette année sont réelles, selon les experts, de même que celles de modifier 3 à 4 millions de prêts sur les trois ans à venir.« Nous envisageons plutôt une baisse des prix sur la fin de l'année et le début de l'année prochaine », insiste cependant Célia Chen, chez MoodysEconomy.com, à Philadelphie. Parce que les défauts sur les prêts, entraînant une saisie du bien immobilier, puis une mise en vente forcée, devraient se poursuivre. Cela en raison de la mauvaise tenue du marché de l'emploi, associée au fait que les prix de l'immobilier ayant baissé, certains ménages ne voient plus l'intérêt de rembourser un emprunt plus cher que le bien lui-même et préfèrent le défaut. Or le nombre de ménages dans cette situation a progressé au deuxième trimestre, pour atteindre 16 millions, soit 32 % de tous les couples endettés pour l'achat d'un premier bien immobilier. Dans ces conditions, les défauts devraient s'élever à près de 4 millions cette année, soit 42 % de plus que l'an dernier. De quoi alimenter la spirale baissière sur les prix. n
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