Des marchés boursiers d'un nouveau genre se multiplient

opérateursLa plate-forme alternative Chi-X a donné hier le coup d'envoi à Chi-X Delta, son pôle de liquidité pour l'exécution des ordres de grande taille en toute discrétion, dit aussi « dark pool ». Un créneau sur lequel les offres fleurissent. Nasdaq OMX Europe a lancé NeuroDark il y a quinze jours, Nyse-Euronext a créé SmartPool il y a trois mois. Et le London Stock Exchange sera présent fin juin, avec Baikal. « Nous pourrions comparer notre offre à un carnet d'ordres aveugle sur lequel des ordres à l'achat et à la vente sont postés. Aucun intervenant n'a de vision sur les intérêts des autres. C'est l'outil informatique qui compare les ordres et rapproche les intérêts convergents », explique David Angel, directeur développement chez ITG, qui a lancé Posit, il y a dix ans.« Ces pôles de liquidité répondent à un besoin particulier des gérants de fonds, lorsqu'ils échangent des ordres d'une taille demandant une liquidité importante sans avoir à subir un impact de marché, via une variation de prix, souligne Jean de Castries, directeur général d'Equinox Consulting. La directive européenne Marchés d'instruments financiers (MIF) leur donne une place, avec des règles adaptées. Selon certaines études, ces pôles pourraient représenter 10 % à 15 % des volumes dans les cinq ans. » Mais les régulateurs sont-ils à l'aise avec cette nouvelle offre ? Ces pôles sont tenus aux mêmes obligations que les Bourses classiques une fois les ordres exécutés. Mais, ne participant pas au processus de formation du prix sur le marché, ils ne sont pas tenus à la transparence avant négociation à condition d'exécuter des ordres de taille importante ou d'importer un prix d'un marché réglementé ou d'un autre lieu d'exécution, indique la directive. D'où leur côté « obscur ».« La gêne des régulateurs est concentrée sur le fait que les ?dark pools? pourraient malgré tout intervenir, indirectement, dans le processus de découverte du prix », observe Yvette Roozenbeek, qui a ?uvré au lancement de SmartPool. La directive a donné lieu à interprétation. Et pas toujours de manière harmonisée. « Certaines interprétations privilégient non pas un prix d'exécution mais une fourchette de cours indicatif à l'achat et à la vente », explique Bénédicte Doumayrou, chef du service régulation de l'intermédiation et des infrastructures de marché au sein de l'Autorité des marchés financiers (AMF). « Se pose ensuite la question de l'origine de cette fourchette », poursuit-elle.limiter les risquesMercredi, le Comité européen des régulateurs (CESR) a publié de premières propositions d'interprétation harmonisée des exemptions prévues par MIF. La possibilité des ordres cachés dans les carnets visibles a été rejetée. Mais, surtout, l'idée d'une fourchette des meilleurs prix indicatifs consolidée au niveau européen, incluant les marchés alternatifs suffisamment liquides, a été retenue. Les dark pools attendaient cela, pour certains comme ITG, dans les starting-blocks.Mais le vote n'a pas été unanime. « Lorsque la fourchette n'est pas issue du marché principal, le CESR a souligné la nécessité de prendre en compte un critère de liquidité des plates-formes sélectionnées afin de limiter les risques de manipulation, précise Bénédicte Doumayrou. L'AMF considère par ailleurs que les deux limites de la fourchette de référence doivent émaner d'une même plate-forme et que l'approche retenue par CESR introduit une distorsion de concurrence entre les différentes plates-formes de négociation au profit des dark pools. » Le sujet promet encore bien des débats.
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