L'Inde tire sur les stocks de sucre

Matières premièresC'est une des conséquences surprenantes de la crise financière. Au Brésil, les sucreries tournent à plein régime. L'essentiel de la récolte 2008 a déjà été broyé : la production de sucre représente déjà 43,25 millions de tonnes, contre 21,43 millions de tonnes l'année dernière à fin avril, selon l'association brésilienne Unica.Si la récolte et les rendements ont été meilleurs que sur l'année précédente, la hausse de la production s'explique surtout par le besoin de cash de l'industrie. Les sucreries financent en effet les intrants nécessaires à la culture des cannes à sucre, et à leur récolte. Cette année, l'accès difficile au crédit les incite à vendre leur sucre le plus rapidement possible. En attendant, l'arrivée plus abondante que prévu du sucre sur le marché a un impact baissier.Depuis un plus-haut, le 7 mai dernier, à 450 dollars sur le Liffe londonien, les cours de la tonne de sucre, qui avaient grimpé de près de 50?% depuis son plus bas de décembre, peinent à accroître leur avance. La dernière cotation de la tonne de sucre s'est d'ailleurs inscrite en retrait, à 441,9 dollars pour livraison en juillet. Car les motifs de la « success story » du sucre semblent désormais moins solides. Le moteur du rally de l'édulcorant tient en effet sur le pari d'un marché en déficit sur 2009, lié au déclin de la production indienne.l'inde devra importerPremier consommateur de sucre au monde, le pays était aussi exportateur ; sur 2009, il devra toutefois en importer en raison de la désorganisation de la filière. Parmi les 50 millions de fermiers indiens spécialisés dans la canne à sucre, de nombreux agriculteurs se sont portés cette année sur d'autres cultures, en raison de retards de paiement. Mais le gouvernement envisage d'augmenter de 33 % le prix payé aux fermiers, ce qui pourrait au contraire inverser la tendance sur 2010.Les prix élevés du sucre semblent par ailleurs poser problème aux acheteurs. Si les échanges sur le marché à terme se portent encore bien, avec des échéances lointaines qui présentent des primes historiquement élevées par rapport aux cours du sucre pour livraison immédiate, les échanges physiques marquent le pas, comme si les cours trop élevés commençaient à déprimer la demande. « Même si les cours se tassent pendant quelques jours, les cours du sucre n'ont pas fini de monter », juge toutefois Nicholas Snowdon chez Barclays, qui table sur la situation de l'Inde pour alimenter la dynamique de hausse. Étant donné le niveau d'importation nécessaire sur le reste de l'année, et les projections sur la prochaine récolte qui ne permettent pas d'espérer un retour au niveau de production de 2007, le pays devrait mettre les stocks mondiaux sous pression en 2010. De 44 millions de tonnes en 2007, les stocks de sucre pourraient tomber à 10 millions de tonnes en 2010. Soit seulement trois petites semaines de consommation mondiale.Aline Robert
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