Fragile unité européenne face à Washington

On pouvait rêver meilleurs prolégomènes à la visite du président américain Barack Obama en Europe du 2 au 5 avril. « L'Amérique est en train de répéter les erreurs des années 1930 : stimuli de grande ampleur et tendances protectionnistes », a déclaré, mercredi à Strasbourg, le Premier ministre tchèque Mirek Topolanek, qui exerce la présidence du Conseil de l'Union européenne. Lors du dernier conseil européen, les Vingt-Sept avaient veillé à souligner les différences économiqwues structurelles entre les deux rives de l'Atlantique mais s'étaient gardés de critiquer l'approche américaine. Le faux pas tchèque encourage, au contraire, une « opposition caricaturale entre la préférence européenne pour la régulation et américaine pour la relance », estime François Lafond du GMFUS, un thin tank spécialisé dans les questions d'intérêt transatlantique. Pawel Swieboda, qui dirige le think tank Demos à Varsovie, y voit au contraire « une tentative de détourner l'attention de la crise politique interne » à Prague. « La République tchèque ou la Pologne coupent actuellement dans les dépenses publiques. Elles sont dans une logique totalement différente des plans de relance », dit-il.Ce débat fait, quoi qu'il en soit, le jeu de Washington. « Comme les États-Unis veulent éviter que l'on passe d'un extrême à l'autre, en termes de régulation, ils insistent sur la relance », estime Pawel Swieboda.crise tchèqueLes Vingt-Sept ont certes adopté une position commune sur la régulation et l'architecture financière en vue de la réunion du G20. Mais leur unité apparaît fragile. Prague, qui a accueilli le sommet transatlantique informel le 5 mars, est privée de gouvernement depuis hier. Une crise aggravée par la prudence du président de la Commission européenne Barroso, qui est en campagne pour sa reconduction et par les tentations protectionnistes. Si d'aucuns qualifiait hier d'« obscur » l'agenda du sommet de Prague, les experts du transatlantique se montrent néanmoins raisonnablement optimistes sur le résultat de la visite du président Obama. « Si nous arrivons [dans le communiqué de fin de sommet] à la réaffirmation de l'amitié transatlantique, à la condamnation du protectionnisme, et à une prise de position commune sur la sécurité énergétique, cela sera déjà positif », estime Jeffires Brigingshaw, qui dirige le Transatlantic Business Dialogue à Bruxelles. Florence Autret à Bruxelle
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