C'est la contre-attaque du premier fabricant mondial de téléphones portables, Nokia, au succès phénoménal de l'iPhone de l'américain Apple. Le géant finlandais a lancé hier sa boutique en ligne de jeux et d'applications, ces minilogiciels de divertissement ou d'infos ou de services à télécharger pour son mobile. Il l'a baptisée « Ovi », « la porte » en finnois. Une réplique tardive à l'essor fulgurant de l'App Store d'Apple qui a déjà franchi à la fin avril le milliard d'applications téléchargées dans le monde, neuf mois seulement après son lancement.Ces petits programmes, gratuits ou payants, qui permettent de personnaliser son téléphone et de le transformer en console de jeux, en dictaphone, en lampe de poche ou en coach diététique, font figure de nouvel eldorado pour les fabricants de mobiles, les éditeurs de logiciels et les géants de l'Internet. Les applications fidélisent le client, moins tenté de changer de portable, et génèrent de nouveaux revenus qui aiguisent les appétits : le marché des applications pour mobiles devrait exploser pour approcher les 10 milliards de dollars en 2013 selon le cabinet Strategy Analytics, contre 5 milliards l'an passé. Car les applications pour téléphones mobiles existaient avant Apple et son App Store mais la firme à la pomme a su, par la force de sa marque, son génie marketing et surtout l'ergonomie intuitive de son écran tactile, démocratiser ce marché et le rendre accessible au plus grand nombre, au-delà des plus férus de technologie.nouveau modèle tactileLe site Ovi est accessible depuis une cinquantaine de modèles de téléphones Nokia et à 50 millions d'utilisateurs d'appareils de la marque dans le monde, soit déjà plus du double du nombre de détenteurs d'iPhone (vendu à 21 millions d'exemplaires). Son ouverture coïncide avec la sortie, le mois prochain, d'un nouveau modèle, le N97, entièrement tactile avec accès à Ovi préinstallé, perçu comme le premier appareil de Nokia enfin susceptible de rivaliser avec l'iPhone. Car depuis le lancement de la première version de son téléphone, en juin 2007, le fabricant californien d'ordinateurs et de baladeurs s'est taillé une part de marché impressionnante dans la catégorie des smartphones, ces téléphones multimédias sophistiqués aux fonctions proches de celles d'un ordinateur (Internet, mail, etc.) : plus de 10 % à la fin du premier trimestre 2009 selon le cabinet Gartner, ce qui place Apple au troisième rang derrière Nokia (41,2 %), en recul, et le BlackBerry du canadien RIM (19,9 %). La dynamique est spectaculaire aux États-Unis, où AT&Tmp;T a l'exclusivité du téléphone d'Apple, 41 % de ses clients ayant un smartphone ont un iPhone ! Le numéro deux du mobile compte déjà deux fois plus d'abonnés au smartphone que son concurrent Verizon.Or les smartphones constituent le seul segment à croître dans un marché du mobile qui devrait décliner de 5 % à 10 % en volume cette année, pour la première fois depuis 2001. L'enjeu est donc double pour Nokia : conserver sa place de leader, en particulier dans le créneau haut de gamme, alors que celui de l'entrée de gamme souffre ; mais aussi prendre sa part du gâteau des nouveaux services de contenus, vidéos, jeux et applications pour mobiles.La partie ne sera pas facile pour Nokia, d'autant que le site n'est pas accessible depuis une simple icône déjà présente sur le téléphone comme sur l'iPhone. Surtout, le marché des applications commence à être déjà très encombré. Microsoft et Google se sont engouffrés dans la brèche en lançant pour le premier le Windows Marketplace for Mobile et pour le second l'Android Market (lire ci-contre).Les opérateurs mobiles aussi, tels que le français Orange et le géant britannique Vodafone, ouvrent leur propre boutique en ligne d'applications dans l'espoir de ne pas se laisser court-circuiter et de conserver la maîtrise de la relation directe avec le client, via la facturation mensuelle. Les utilisateurs d'Ovi pourront d'ailleurs payer par carte bancaire ou via leur facture d'opérateur.

latribune.fr

09 Juin 2009, 1:36

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