Sarkozy met la barre à droite toute avant le 7 juin

Un recul de deux points dans le sondage Ipsos- Le Point publié hier. Avec 26 % des intentions de vote, l'UMP continue de faire la course en tête dans la campagne européenne mais, si ce chiffre se confirme dans les urnes, le parti majoritaire enregistrera un recul significatif par rapport au premier tour de la présidentielle de 2007. Nicolas Sarkozy avait alors obtenu 31 % des voix. « Ce n'est pas encore l'alarme mais c'est un signal », décrypte un député UMP, qui souligne les deux grands dangers des européennes : l'abstention et la dispersion des suffrages. Le chef de l'État est « prêt à tirer profit d'une UMP arrivant en tête au soir du 7 juin mais encore faut-il que la victoire soit claire et nette », précise un autre élu.Conscient des risques d'effritement de son « noyau dur » électoral, Nicolas Sarkozy a appelé l'UMP et le gouvernement à donner un coup de barre à droite. Premier argument utilisé, la Turquie, qui avait déjà servi d'épouvantail pendant la campagne présidentielle. Puis, se saisissant de faits divers récents, comme les violences dans des établissements scolaires ou en banlieue, Nicolas Sarkozy a remis la sécurité et l'immigration à l'ordre du jour. Demain matin, il réunit les acteurs du dossier sécuritaire à l'Élysée et demain soir l'UMP tiendra meeting sur l'immigration à Lille.Le chef de l'État veille aussi à entretenir le poison de la division et de la confusion dans l'opposition, notamment au Parti socialiste. D'où la résurgence des rumeurs sur la poursuite de l'« ouverture » à l'occasion du remaniement programmé après les européennes. « Allegro ma non troppo quand même », s'insurge un parlementaire UMP quand on évoque l'arrivée probable au gouvernement de l'ex-socialiste Claude Allègre à un ministère de l'Industrie élargi à la Recherche et à l'Innovation. Xavier Bertrand, secrétaire général de l'UMP, a estimé hier que l'ancien proche de Lionel Jospin, dont les positions sur le climat sont très contestées par les écologistes, avait un « profil intéressant ». « Ce n'est pas parce que le Parti socialiste ou certains voudraient fermer l'ouverture que nous allons nous y résoudre. Si l'ouverture est tant critiquée aujourd'hui, c'est parce qu'elle fonctionne », a déclaré le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel.Ouverture politiciennePour Stéphane Rozès, président de la société de conseil CAP, l'ouverture à gauche n'a toutefois « aucun impact » sur l'électorat et reste une arme purement politicienne dans les mains de Nicolas Sarkozy.Le politologue souligne que la pole position occupée par l'UMP dans les sondages est sans doute due à l'action menée par le chef de l'État pendant la présidence française de l'Union européenne, entre juillet et décembre 2008, soit au début de la crise financière. Mais, avertit Stéphane Rozès, le parti majoritaire est « faible dans les catégories populaires, qui se replient sur un vote d'extrême droite [Front national] en progression, ou plus généralement dans l'abstention ». D'où le recours aux thématiques de l'immigration et de l'insécurité. « Il y a quand même le risque de ne pas paraître crédible puisque la France a justement occupé la présidence de l'Union pendant six mois et le gouvernement pourrait donc se voir reprocher de ne pas avoir assez agi dans ces domaines », explique Stéphane Rozès. « Tout dépend donc de la capacité à articuler ces questions de sécurité et d'immigration avec les questions européennes », ajoute-t-il.
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