Entre Moscou et la mer Blanche, c'est le royaume des isbas, ...

Au pays des datchas enchantéesGare de Iaroslav, au c?ur du Grand Nord russe, on embarque pour Arkhangelsk. Un soldat, une jeune fille, un enfant et son papa, chacun des quatre passagers du compartiment a apporté socques en plastique, thé et provisions. Leurs emballages alimentent vite le feu du samovar, qui glougloute au bout du couloir. Valentina, la babouchka préposée au wagon, prête des verres.Bientôt les bouleaux défilent emmitouflés de nuit. On s'arrête dans des gares blafardes, où des pêcheurs proposent à la vente des brochettes de poissons tordus par le froid, où des grands-mères tirent des landaus remplis de pots de confitures. Pyjama léopard, chapka sur la tête et chaussée de nu-pieds violets, Valentina fume sur le quai. Elle redoute qu'on lui retire sa prime de grand froid. L'hiver dernier, la température n'est descendue qu'à moins 10 degrés.La gare de Kotlas, où l'on débarque à 1.000 km de Moscou et 700 km d'Arkhangelsk, présente le décor attendu d'immeubles staliniens entourant la statue de Lénine. Mais une heure de voiture plus tard, on entre dans la Russie des légendes, le pays des oiseaux sans peur dont parle l'écrivain Mikhaïl Prichvine, région fière qui ne connut ni servage ni Mongols. Au c?ur d'un plateau aux courbes douces, parsemé d'isbas clôturées de palissades, une envolée de bulbes annonce Veliki Oustioug.guirlande féeriqueFondée comme Moscou aux alentours de 1140, traversée par la Dvina qui se jette à Arkhangelsk et permet de ravitailler l'Occident en fourrures et alcools, la ville fut jusqu'au XVIe siècle un grand port fluvial. Au coin des rues, de massives maisons communautaires en bois rappellent l'époque soviétique. On ne voit sinon qu'isbas aux façades colorées, palais de pierres et les coupoles dorées, vertes ou bleu azur des 29 églises et monastères richement dotés d'icônes par les marchands. De part et d'autre de la Dvina, les monastères de Dimitri Solenski, Serge Radionevski, Saint Simeon et l'église de l'Ascension se font face. Un palais rose héberge le musée ethnographique et sa collection d'objets en argent noirci ; un artisanat spécifique comme le travail de l'écorce de bouleau. À la manufacture, une dizaine d'ouvrières coupent et transforment en coffres et boîtes ciselées l'écorce prélevée après la seconde montée de sève. L'hiver, les habitantes creusent dans la glace des trous pour laver le linge à l'eau pure, et les cavaliers galopent sur le lit gelé de la Dvina. Autour de Veliki Oustioug, des villages hors d'âge comme Demianovo proposent des plaisirs séculaires, comme la bania, une suée dans des cabanons à l'orée de la forêt suivie d'une baignade dans l'eau glacée. Séduit par cette campagne préservée, le maire de Moscou encourageait voilà une dizaine d'années la création du parc de grand-père Froid. Des rennes grandeur nature taillés dans la glace et des lutins et farfadets bien vivants entourent le Père Noël version russe. Kitsch et désert ? 3.000 entrées par an ?, le parc qui occupe une grande clairière dans la forêt séduit par ce grain de folie slave. À visiter dans ce froid qui, dès novembre, soûle mieux que la vodka. nVacances de rêve/en Russie
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