Dans un pays au bord de la récession et dont le secteur immobilier s'effondre, rien de tel qu'un bon projet de travaux publics, même à moyen terme, pour inverser la tendance. C'est ce vieux précepte keynésien qui va donner naissance au plus grand projet de rénovation qu'ait connu Madrid, l'« opération Chamartín ». Au prix d'un investissement total de 11 milliards d'euros, elle va complètement modifier la physionomie du nord de la capitale. L'opération, qui se veut semblable à celle du quartier de La Défense à Paris, assurera à Madrid « le leadership dans tout le sud de l'Europe », souligne le maire Alberto Ruiz Gallardón, avec un brin d'emphase.Le projet, en fait, n'est pas nouveau, puisqu'il avait été pour la première fois lancé en ... 1993. Mais les divergences quant à la répartition de son financement entre les trois administrations publiques concernées ? la municipalité, les autorités régionales et centrales, l'avaient repoussé aux calendes grecques. Jusqu'à ce que la gravité de la crise économique ait finalement convaincu les intéressés de faire taire leurs divergences et de signer cette semaine l'accord permettant le lancement des travaux.16.000 logements Même s'il faut pour cela encore attendre un peu, puisque ceux-ci, qui devraient induire la création de quelque 20.000 emplois, ne commenceront qu'en 2010. Il s'agit essentiellement d'enterrer l'une des deux grandes gares ferroviaires de la capitale, celle de Chamartín, ainsi que les voies de chemin de fer adjacentes, tout en augmentant de 50 % la capacité de transport. Sur les 3,1 millions de mètres carré de terrain, en grande majorité de caractère public, ainsi laissés libres, se construiront 16.000 logements (dont un quart à loyer modéré), quelques hôtels, plusieurs immeubles de bureaux et centres commerciaux. À quoi s'ajouteront divers grands travaux d'infrastructures dans les zones environnantes, dont le bouclage définitif du tronçon nord du périphérique de Madrid, appelé la M-30, ou encore le prolongement sur trois kilomètres du Paseo de la Castellana, la grande artère qui constitue l'épine dorsale de la capitale et la traverse de part en part.aubaine pour le secteurLe concessionnaire du projet est le consortium DUCH (Développement Urbain de Chamartín), dont le principal actionnaire, à hauteur de 72,5 % du capital, est le BBVA (Banco Bilbao Vizcaya Argentaria), le reste des parts étant aux mains de la société immobilière San José, l'une des plus durement touchées par la crise. Mais le projet apparaît d'une telle ampleur que nombre d'entreprises de la construction seront certainement amenées à participer au festin ? une aubaine à un moment où le secteur de la brique est en pleine déliquescence face à un marché résidentiel totalement paralysé. Nul doute que la nécessité de l'aider à sortir de l'ornière a convaincu tant les socialistes (qui contrôlent l'administration centrale) que l'opposition conservatrice (qui domine pour sa part les administrations régionales et municipales de Madrid) de forcer toutes les parties intéressées à se mettre d'accord, afin de ressusciter un projet qui arrive véritablement à point nommé?! n les travaux, qui devraient induire la création de quelque 20.000 emplois, ne commenceront qu'en 2010.

latribune.fr

09 Jan 2009, 1:27

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