Les créanciers de General Motors et Chrysler en colère

Dette des entreprisesInvestisseurs institutionnels, épargnants particuliers et élus républicains le clament haut et fort : en imposant aux créanciers de Chrysler et General Motors (GM) de substantielles pertes forcées, l'administration Obama risque de miner la capacité d'entreprises américaines à se financer sur le marché obligataire. « Le loyer de l'argent va devenir plus onéreux pour de nombreuses sociétés », a prévenu sur la chaîne CNBC George Schultz, directeur de la société Schultz Asset Management. À l'instar de Schultz, des responsables d'établissements financiers tels que Pimco ? le plus important fonds obligataire au monde ?, la société de gestion Fridson Investment Advisors et la banque Barclays ont averti que les opérateurs pourraient se détourner des entreprises américaines ayant d'importantes obligations en matière de retraites et d'assurance santé vis-à-vis de leurs syndicats, ce qui est notamment le cas des équipementiers automobiles et des compagnies aériennes. Au mieux, la prime de risque attachée aux obligations de ces sociétés devra augmenter, avertit Bill Gross, directeur de la gestion de Pimco.Dans le cas de Chrysler, le Trésor a proposé que 6,9 milliards de dette soient échangés contre 2 milliards de dollars en numéraire. Des investisseurs ? dont Oppenheinmer Funds, Perella Weinberg Partners et Stairway Capital ? ont rejeté cette offre, fustigeant l'administration Obama qui selon eux défend au premier chef les intérêts des syndicats plutôt que ceux des créanciers. De guerre lasse, leur coalition qui avait vocation à s'opposer à cet « haircut » (des pertes forcées, dans le jargon de Wall Street) s'est dissoute le 8 mai dernier.Le sort réservé aux créanciers de GM ? qui ont refusé une participation de 10 % dans le constructeur restructuré contre 27 milliards de dollars de dette ? mobilise davantage la classe politique. Car la dette de GM est répartie entre 120 établissements financiers mais aussi près de 100.000 particuliers. La semaine dernière, les élus républicains de la Chambre des représentants ont enjoint le Trésor de soutenir une conversion de dette en actions « raisonnable » avant la date butoir du 1er juin où, faute d'accord avec ses créanciers et ses syndicats, GM déposera son bilan. Avant que GM ne confirme hier le rejet de son offre, des particuliers ont exprimé publiquement leur indignation, refusant que leur soit accolée l'étiquette de « spéculateurs ». « Je suis un petit créancier typique de GM », a ainsi expliqué John Milne à Detroit, précisant qu'à quelques années de la retraite, son choix d'investissement a été déterminé par la proximité du constructeur. Compte tenu de l'offre imposée par GM et le Trésor, John Milne comme George Schultz estiment qu'un dépôt de bilan qui n'aurait pas été orchestré par le gouvernement fédéral aurait été préférable. Éric Chalmet, à New YorkLire aussi page 14.
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