Perpignan prend le pouls

hotojournalismeUne programmation comme un coup de gueule. Un instinct de survie surtout. À l'heure où la presse nationale et internationale, au plus mal, rogne sur tous les budgets ? dont celui de la photo ? Jean-François Leroy, le fondateur et directeur général du festival Visa pour l'image, concocte l'un des plus beaux magazines qui soit sur les cimaises de Perpignan en présentant les travaux des meilleurs photojournalistes d'hier et d'aujourd'hui, d'ici et d'ailleurs. L'occasion, avec cette 21e édition ? qui ouvre ses portes au public dès demain ?, de revenir sur l'actualité de ces derniers mois et de réfléchir aux problèmes auxquels est confrontée la planète. Et puis aussi de témoigner de la vitalité du photojournalisme pour peu qu'on donne aux photographes les moyens de s'exprimer.les pêcheurs de McCurryCette fois encore, ce sont les conséquences du 11-Septembre, et par ricochet les pays musulmans, qui attirent tous les regards. Photographe au sein de l'agence Associated Press, Brennan Linsley s'est focalisé sur la base de Guantanamo à Cuba où sont encore détenus bon nombre de prisonniers accusés par les États-Unis de terrorisme. Linsley s'y rend régulière-ment depuis 2005, tentant comme ses confrères de raconter le quotidien malgré la censure. Cela donne des portraits en couleur d'hommes entravés, des natures mortes figurant les chaînes des détenus. Impossible de ne pas penser aux fers des esclaves. Sauf qu'ici, on a poussé le cynisme jusqu'à les rembourrer de coussinet. Et comment prendre cette image d'un fonctionnaire du camp remplaçant la photo de George Bush par celle de Barack Obama ? Rendez-vous dans quelques années. Car Linsley n'a pas l'intention de lâcher le morceau.Barack Obama, justement. C'est la grande affaire de Callie Shell. Elle l'a croisé en 2004, alors qu'elle devait couvrir un meeting de John Kerry. Mais c'est pourtant ce jeune homme noir, encore inconnu, qui attire son regard. Dès lors, elle ne le lâchera plus, pressentant peut-être avant tout le monde qu'il a rendez-vous avec l'histoire. En attendant, elle le mitraille en toute intimité, braquant par exemple son objectif sur ses chaussures usées jusqu'à la corde par ses campagnes, saisissant au vol un moment d'abandon. Jusqu'à la victoire finale.Il s'est bien sûr passé autre chose que la seule élection de Barack Obama en 2008. Un putsch à Madagascar (documenté par Walter Astrada pour l'AFP), des massacres dans le Nord-Kivu (Dominic Nahr), une violence assassine au Guatemala (Miquel Dewever-Plana). Et à chaque fois, il se trouvait des hommes et des femmes pour témoigner avec cette incroyable capacité à résumer les enjeux de la planète en une image.Alors, bien sûr, on ne quitte jamais Perpignan le c?ur joyeux. D'où l'importance de garder les photos de Steve McCurry pour la fin. Des portraits de pêcheurs perchés sur un bâton au-dessus de la mer, un enfant courant dans une ruelle peinte de bleu et tapissée d'empreintes de mains rouges, une gare au petit matin? L'homme à qui l'on doit le célèbre portrait d'une jeune afghane aux yeux verts, est un coloriste hors pair capable de suspendre le temps. Le temps qu'on puisse reprendre son souffle. n21e édition du festival international du photojournalisme Visa pour l'image. www.visapourlimage.com.
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