Bons baisers du Mexique

Ils sont mexicains. Mais ils ne vivent pas à Mexico-City. Non?! Isabel et Agustin Coppel ont décidé de s'installer loin de la capitale, dans la province de Sinaloa, à Culiacàn. Un endroit célèbre non pour ses sites touristiques, mais pour ses trafics en tout genre. À commencer par la drogue.C'est pourtant là que les Coppel ont installé leur collection d'art dont une partie est aujourd'hui présentée à la Maison rouge à Paris. Un ensemble peu connu, rassemblant néanmoins plusieurs centaines d'?uvres émanant d'artistes mexicains et internationaux tels Doug Aitken, John Baldessari, Maurizio Cattelan, Philip-Lorca DiCorcia ou William Eggleston.Agustin Coppel est un riche homme d'affaires qui dirige banques et grands magasins. Mais, son argent, il le consacre à la création. En plus d'enrichir continuellement sa collection, il a réhabilité le jardin botanique de la ville et fait venir des artistes pour qu'ils réalisent des ?uvres in situ.incursion surréalisteC'est Carlos Basualdo, conservateur au Philadelphia Art Museun et commissaire de cette exposition avec Monica Amor, qui a signalé cette collection à Antoine de Galbert, le maître des lieux. Pour les deux commissaires, il ne s'agissait pas de plonger dans les clichés « mort, folklore et fêtes funèbres », habituellement accolés au Mexique. « La mort est présente comme une ombre dans pas mal d'?uvres, dit Monica Amor. Mais elle fonctionne surtout comme une référence inconsciente, en particulier chez les jeunes artistes mexicains. Il vaut mieux parler de fragilité, de précarité que de mort, ajoute Carlos Basualdo. Cette collection offre avant tout un parcours de résonances formelles et thématiques. Un certain discours sur l'art moderne et contemporain aussi, qui parle du monde dans son entier, même si le Mexique en est la figure tutélaire. »Si le peintre mexicain Gabriel Orozco (dont les ?uvres ponctuent l'espace) tient lieu de fil rouge, il revient au maître de la photographie surréaliste, Manuel Alvarez Bravo (un autre Mexicain), d'ouvrir l'exposition avec une image chargée de symboles. Elle représente un enfant adossé à un mur aux côtés d'un masque figé, ancré, sculpté dans la pierre (voir ci-dessus). Un jeu de miroirs qui semble refléter la vie et la mort.Le ton est donné. C'est d'ailleurs par la photographie qu'Agustin Coppel a lancé sa collection. Parmi ses plus belles pièces, une photo de Mélanie Smith figurant une vue d'avion où Mexico apparaît tel un champ de cercueils.Au fil des pièces, un dialogue s'instaure entre tableaux, sculptures, installations et photographies. La vie s'emmêle à la mort, la ville aux champs. Champ contrechamp. L'extrême est atteint avec Rivane Neuenschwander qui a suspendu des fleurs sauvages et délicates par un fil. Simples pelures d'aulx transparentes qui s'agitent au moindre souffle, prêtes à éclore dans le silence. Tout aussi fragile, l'installation de Tatiana Trouvé. Autre fil suspendu dans l'espace tel un trait volontariste architectural.l'art salvateurUne collection est souvent un autoportrait. Celle-ci nous montre le visage d'un homme et d'une femme sensibles. Ils ont la certitude que l'art peut sauver l'individu de la solitude, de la misère. Du monde tel qu'il est aujourd'hui.« Expected Mexico unexpected » La Maison rouge, 10 bd de la Bastille, 75012 Paris. Tél.?: 01.40.01.08.81. Jusqu'au 28 janvier. www.lamaisonrouge.org. Catalogue?: Expected Mexico Unexpected ? collection Isabel et Augustin Coppel, coédition Fage-Maison Rouge, 160 pp 25 ?.
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