« L'hermine-gate » secoue les Lords

Il y a quelque chose de pourri au royaume des Lords. Depuis dimanche, le monde très feutré de la chambre des Lords, où règnent code d'honneur, manteaux d'hermine et perruques, est secoué par un scandale concernant la possible corruption de quatre d'entre eux. L'affaire a été révélée par le « Sunday Times ». Ses journalistes ont contacté dix Lords en se faisant passer pour des lobbyistes, et quatre d'entre eux ont accepté de les aider à passer des amendements, en échange d'un paiement. Le plus gourmand était Lord Taylor of Blackburn, qui demandait 120.000 livres (130.000 euros) par an. Dans un enregistrement audio fourni par le « Sunday Times » , Lord Taylor explique doctement qu'il ne déposerait pas d'amendement lui-même, mais qu'il était prêt à discuter avec les législateurs pour influencer le processus. « Je travaille dans les règles, mais celles-ci sont faites pour être repoussées. » Au-delà des allégations ­? la chambre des Lords a lancé deux enquêtes officielles, et les quatre Lords concernés démentent toute corruption ? le scandale illustre le caractère complètement inadapté de la haute chambre britannique. Une demi-réforme introduite par Tony Blair en 1999 en a dépoussiéré les traditions, mais ce haut lieu parlementaire reste régi par des règles d'un autre âge : les évêques anglicans y siègent automatiquement ; il reste encore 92 Lords héréditaires ; les Lords ne perçoivent pas de salaire, mais reçoivent un per diem pour chaque journée de présence (ce qui explique les nombreuses somnolences sur les bancs). Mais surtout, les Lords sont nommés à vie et il n'existe aucun moyen de sanction contre eux. En 2000, un comité avait conclu qu'aucune sanction n'était nécessaire car ces éminents membres de l'élite travaillaient « dans une culture enracinés dans le concept de l'honneur personnel ». « C'est aussi inadaptée aux temps modernes que le match de cricket annuel Gentlemen vs Players (match traditionnel entre amateurs et professionnels, ndlr) », s'étouffe Vernon Bogdanor, spécialiste des affaires constitutionnelles à l'université d'Oxford. PolitisationA cela s'ajoute un code de conduite ambigu : les Lords ont l'interdiction de réaliser des « plaidoiries payantes » (paid advocacy) mais ils peuvent agir en tant que « consultant ». Les conservateurs tentent désormais de s'emparer de l'affaire à des fins politiques (les Lords éclaboussés sont travaillistes). Leur leader, David Cameron, prône la possibilité d'une expulsion de la haute chambre. Gordon Brown pourrait être obligé de traiter le problème, et de finalement terminer la réforme des Lords commencée par Tony Blair. éric Albert, à Londres ce haut lieu parlementaire reste régi par des règles d'un autre âge.
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