L'ombre de la Chine plane au-dessus de l'océan Pacifique

Même si elle a coutume de se défendre de toute visée hégémonique, la Chine ambitionne d'exercer une influence dans certaines régions du monde. L'Asie constitue sa sphère d'influence prioritaire. En Afrique ou en Amérique latine, elle cherche des accès aux ressources naturelles. Sa volonté de présence en Océanie, loin de tout, est plus inattendue. Quelques indices montrent que la région vient pourtant d'apparaître sur son écran radar. Depuis trois ou quatre ans « la Chine s'engage sur des montants d'aide similaire à ceux des donateurs significatifs comme le Japon, la Communauté européenne ou la Nouvelle-Zélande », explique Fergus Hanson dans une étude du Lowy Institute for International Policy, à Sydney. Entre 2005 et 2008, les engagements financiers chinois (dons et prêts concessionnels) ont bondi, passant de 33 millions de dollars à 206 millions de dollars. Financement d'entraîneurs pour former des athlètes dans les îles Cook, de professeurs linguistiques dans les États fédérés de Micronésie, participation à la production d'éthanol à partir de cassava (manioc) aux Fidji : la manne chinoise est multiforme.La cause première de cette volonté de présence dans la région n'est autre que Taiwan. L'île nationaliste que Pékin continue de considérer comme « une province rebelle » a obtenu la reconnaissance diplomatique de six États en Océanie. Agacé, Pékin s'est lancé dans une « guerre du carnet de chèques » pour contrer cette prise d'influence, résume une étude émanant du CNRS, publiée par Imasie (« Un dragon en Océanie »).Mais au-delà, « il n'y a pas de signes évidents d'une stratégie d'ensemble structurant l'approche (de la Chine) » dans la région, nuance Fergus Hanson. Une approche « imprévisible et à courte vue », insiste-t-il. Pénalisante aussi : « la partie d'échec jouée (entre la Chine et Taiwan) transforme certains enjeux traditionnels de gouvernement dans le Pacifique et déstabilise les États insulaires, en rendant les pratiques politiques plus corrompues et plus violentes », conclut l'étude du CNRS. L. C.
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