Comme une lettre...

La Poste réfléchit à un changement de statut. A priori, quelle drôle d'idée, quel drôle de moment surtout ! Faut-il vraiment agiter aujourd'hui un chiffon rouge - la privatisation - dans une entreprise qui a pour salarié l'étoile montante de l'opposition, le facteur Besancenot ! Est-il réellement nécessaire ensuite d'accroître l'angoisse des élus locaux en ajoutant aux cartes judiciaire, hospitalière et militaire, une autre carte, postale celle-là, tout aussi douloureuse ! Ne pouvait-on éviter d'ajouter à la kyrielle de réformes déjà engagées une nouvelle source d'anxiété dans l'opinion ? Visiblement, La Poste et son actionnaire exclusif, l'État, ont décidé de passer outre - de profiter aussi sans doute d'un moment où, avec la libération d'Ingrid Betancourt, le départ de PPDA et le retour de Carla dans les bacs à disques, avec l'arrivée surtout des vacances, l'esprit des Français est ailleurs. Si La Poste et l'État lancent le débat, c'est qu'il y a, pour eux, une certaine urgence. La transformation de La Poste en société anonyme, l'ouverture de son capital, sa mise en Bourse à terme - sa privatisation donc - restaient en France jusqu'à présent un sujet tabou. Peu avare en promesses et projets, le candidat Sarkozy ne l'avait d'ailleurs même pas retenue, l'an dernier, dans son programme. La Poste a pourtant un besoin extrême d'évoluer - au même rythme au moins que son environnement, et celui-ci bouge à grande vitesse. Le Net, la libéralisation du courrier et la banalisation du livret A sont en train de changer radicalement l'univers dans lequel elle vit. Dans la plupart des pays européens, la Poste nationale a fait sa mue, au grand bénéfice en général de ses personnels et de ses clients. Face à l'arrivée de nouveaux concurrents, l'établissement de Jean-Paul Bailly a besoin de fonds - pour le courrier comme pour la banque. Il a aussi et surtout besoin d'une plus grande souplesse dans sa gestion. Alors, s'il y a urgence à lancer ce débat, c'est que l'on sait que cette mutation nécessaire ne passera pas... comme une lettre à la poste. On sait les cris d'orfraie qu'elle va, mécaniquement, provoquer chez les syndicats. On sait que pour pouvoir concilier missions de service public et privatisation, de longues négociations seront nécessaires avec les élus locaux. Même si la privatisation de La Poste n'est pas aujourd'hui à l'ordre du jour, il est sain que le débat s'engage. Le plus tôt possible.
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