Olivetti : un nouveau rôle pour De Benedetti

Carlo De Benedetti est-il en train de se désengager d'Olivetti ? Jeudi dernier, le conseil d'administration ne l'a maintenu qu'à la seule présidence du groupe, poste voué à la définition des grandes stratégies et des alliances, mais sans aucun pouvoir de gestion. Une première depuis son arrivée à Ivrea en 1978. Hier, dans une interview au quotidien italien la Repubblica, Carlo De Benedetti affirmait : « Après moi, le rôle de la famille De Benedetti aux fonctions de commande d'Olivetti s'achèvera ». Selon l'explication officielle, sous l'impulsion de l'Ingegnere, Olivetti se transforme en « public company » à l'américaine, avec une nette séparation des tâches entre gestionnaires et actionnaires. De Benedetti barre ainsi la route à toute succession familiale. Pourtant, Rodolfo, trente-cinq ans, est administrateur délégué des deux holdings familiaux, CIR et Cofide, et Marco, trente-quatre ans, occupe la même fonction à Telemedia, la filiale d'Olivetti en charge des télécommunications. De Benedetti a également répété à l'envi qu'il voulait un administrateur délégué unique - en l'occurrence Francesco Caio, tout droit venu de l'opérateur téléphonique Omnitel - pour faire face au tournant d'Olivetti vers les télécommunications. Dans la pratique, tout n'est pas aussi simple. Même si Carlo De Benedetti dément formellement toute pression externe, plusieurs voix avaient demandé qu'il fasse un « pas en arrière ». Analystes financiers et investisseurs de tout poil, en répondant à l'augmentation de capital, ne s'attendaient pas forcément aux pertes record annoncées ensuite (4,9 milliards de francs pour 1995) et au plongeon du titre en Bourse... D'autre part, Mediobanca, la toute puissante banque d'affaires milanaise, aurait pressé De Benedetti de lâcher du lest. De plus, l'homme d'affaires est dans la ligne de mire des magistrats. Sa condamnation en appel dans l'affaire du Banco Ambrosiano l'a contraint à abandonner, le mois dernier, son poste au conseil directeur de la Confindustria, le CNPF italien. Et l'on attend des décisions judiciaires à propos d'affaires plus récentes. Bref, sa marche vers un capitalisme à l'américaine est peut-être bien un passage obligé. D'autant plus que la situation des entreprises du groupe est loin d'être rose, malgré les bonnes performances d'Omnitel, dont Olivetti est l'actionnaire principal. Si les chiffres du secteur PC au deuxième trimestre seront connus dès la fin juillet, l'on ne sait rien encore sur la division Systems & Services (60 % du chiffre d'affaires du groupe) qui marquerait un ralentissement. Or, l'expansion vers les télécommunications requiert d'importants moyens financiers. Du coup, les holdings familiaux, en particulier la CIR, ont déjà commencé à liquider un certain nombre de participations. Mais il reste encore quelques joyaux, à commencer par Valeo, pour laquelle un repreneur « agréé » par les constructeurs français n'a toujours pas été trouvé. En attendant que le groupe retrouve son équilibre, l'Ingegnere jouera donc sagement les profils bas en envoyant l'administrateur Caio en première ligne. Marie-Noëlle TERRISSE à Milan
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