Électroménager + Moulinex abandonne Mamers et Argentan

Une page de l'histoire de Moulinex est définitivement tournée. Les usines d'Argentan (Orne) et de Mamers (Sarthe), sites historiques de l'ère Mantelet, disparaissent aujourd'hui de la carte du groupe au nom de la « reconquête de la performance ». Le bruit des machines s'est brutalement interrompu lundi, quatre jours avant la fermeture programmée des deux usines. Les dirigeants de Moulinex ont préféré couper court à tout « débordement », épargner aux salariés « une semaine difficile à vivre », mais aussi faire retomber la pression médiatique. Aux yeux de la direction, Moulinex a déjà fait couler trop d'encre. Et Pierre Blayau, placé aux commandes du fabricant de petit électroménager il y a dix-huit mois, veut faire table rase du passé. Un passé marqué par quinze années de luttes fratricides entre les trois successeurs de Jean Mantelet. Là où Moulinex aurait dû négocier le virage de la mondialisation, s'attaquer à la modernisation de son outil industriel et investir massivement dans la recherche, le développement, l'innovation et le marketing, l'entreprise a péché par immobilisme et multiplié les erreurs de gestion. Le diagnostic de Pierre Blayau est sans concession. « Moulinex dépense un franc pour faire un franc de chiffre d'affaires. [...] Les sultats économiques sont mauvais, les retards de livraison et les incidents de qualité de plus en plus nombreux, les collaborateurs de l'entreprise sont inquiets, déçus que leurs efforts et leurs sacrifices soient sans effet sur les comptes », déclare-t-il à Ouest-France, quelques semaines avant l'annonce brutale d'un lourd plan de restructuration : 2.600 suppressions d'emplois en trois ans, dont 2.100 en France et la fermeture des deux usines. Un véritable électrochoc pour les 11.300 salariés du groupe. Pourtant, à l'exception de quelques débrayages, d'une journée « ville morte » le 26 juin 1996 à Mamers, l'annonce du plan social n'a pas été suivie d'un mouvement de contestation de grande ampleur. Les représentants syndicaux affichent une étonnante lucidité. L'accord sur le plan social et la réduction du temps de travail dans le cadre de la loi Robien a été signé par tous les syndicats de Moulinex (CFDT, FO, CFTC, CGC et Sydis), à l'exception de la CGT, après six mois de négociation. Entre la réduction du temps de travail (33 h 15 avec maintien de 97,2 % du salaire), les préretraites et les reclassements, la direction s'est engagée à « sauver » 1.468 licenciements secs sur les 2.600 postes à supprimer. Mieux, tout sera fait pour qu'il n'y ait pas de « licenciement subi chez Moulinex », a promis Pierre Blayau. Restructuration. Parallèlement, la direction de Moulinex a engagé une restructuration en profondeur de l'outil industriel. Objectif : spécialiser les sites français pour éviter les flux de marchandises, réduire les stocks, utiliser les usines chinoise et mexicaine pour la production des produits bas de gamme et la conquête des marchés asiatique et nord-américain. Le plan Blayau a donné ses premiers résultats : après cinq années de pertes, Moulinex est redevenu bénéficiaire pour l'exercice 1996-1997, clos le 31 mars dernier. Pierre Blayau se donne encore deux ans pour hisser Moulinex au niveau de ses concurrents. En attendant, il lui faudra s'atteler dès la rentrée à la réduction du temps de travail et à son application dans le cadre de la loi Robien. G. Me.
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