La grande vitesse révolutionne le transport maritime de voyageurs

UNE NOUVELLE ERE s'ouvre cet été pour le transport maritime de voyageurs sur la Manche et sur la Méditerranée. Amorcée il y une vingtaine d'années à l'étranger sur certaines liaisons côtières, notamment en Australie, les traversées des fjords norvégiens et de certaines grandes baies de l'Asie-Océanie (Hong Kong, Singapour, Sydney), la mode des navires à grande vitesse, appelés NGV, est en vogue au large des côtes françaises. Le lancement du Corsica Express II (507 passagers, 150 voitures) et celui prévu demain du Stena Lynx III (600 passagers, 153 voitures) du britannique Stena Lines, filiale du suédois Stena, pour la ligne Calais-Douvres, confirment l'engouement pour ces navires capables de fendre la mer à plus de 70 km/h. L'arrivée du Corsica Express II et du Stena Lynx III intervient après la mise en service, le 2 juillet, du Stena Pegasus 1 sur la liaison Dieppe-Newhaven, du Solidor 3, le 8 juin, de l'armateur breton Emeraude Lines sur les dessertes des îles anglo-normandes depuis Saint-Malo, et du NGV Asco de la Société Nationale Corse-Méditerranée (SNCM), le 30 mars, pour les liaisons entre Nice et l'île de beauté. Ces navires constituent une véritable révolution, dans un contexte de concurrence âpre et parfois de baisse du trafic. Premier constat, la vitesse des NGV permet de diminuer considérablement la durée des traversées, tout en renforçant les dessertes maritimes. Avec les NGV, Calvi et Bastia sont à deux heures quarante-cinq et trois heures trente de Nice, au lieu de cinq heures et sept heures. De même, Newhaven est à deux heures quinze de Dieppe au lieu de quatre. Sur le détroit Calais-Douvres, la vitesse est un atout considérable face au tunnel, devenu hégémonique. Avec son Stena Lynx III, Stena Lines fera la traversée en quarante-cinq minutes (au lieu de une heure quinze), une durée à peine supérieure à celle du parcours avec le lien fixe (environ trente-cinq minutes). Les NGV font baisser les coûts d'exploitation Pour attirer la clientèle, les armateurs ont décidé de ne pas augmenter leurs tarifs, d'autant que les coûts d'exploitation des NGV sont inférieurs à ceux des traditionnels car-ferries. La révolution technologique est porteuse d'une révolution commerciale. Sur l'ensemble de ses lignes, Stena Line met les bouchées doubles, avec ses 10 NGV, dont 9 catamarans - 4 affrétés -, et un monocoque. Cette révolution implique aussi une bagarre entre constructeurs, d'autant que le marché est partagé entre deux types de bateaux : d'un côté, les traditionnels catamarans, de l'autre, les monocoques (comme le Pegasus 1 et le Corsica Express 2), dont le principal atout est d'être moins cher. A ce titre, le français Leroux et Lotz, qui a développé une gamme de navires - les « Corsaire » - dont est issu le NGV Asco, espère tirer son épingle du jeu. Le chantier breton devra toutefois compter avec les italiens Fincantieri Rodriguez et Inma, l'espagnol Bazan ou le norvégien Mjellem & Karlsen. Par ailleurs, l'australien Incat Australia, fabricant de catamarans, continue de dominer le marché, promis à une belle croissance. Selon Leroux & Lotz, le marché mondial des NGV représente un chiffre d'affaires potentiel de 6 milliards de francs par an. De même, 30 % à 40 % de la demande en NGV n'ont pas été satisfaits en 1995. CHRISTOPHE PALIERSE
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