Mandat de dépôt requis contre Loïk Le Floch-Prigent

Le juge d'instruction parisien Eva Joly a mis en examen, hier soir, le président de la SNCF, Loïk Le Floch-Prigent. Elle envisageait même de le faire écrouer dans l'affaire Elf-Bidermann tandis que de son côté le parquet de Paris avait requis un mandat de dépôt à son encontre. Loïk Le Floch-Prigent est poursuivi au titre de ses anciennes fonctions à la tête d'Elf Aquitaine et d'administrateur du groupe textile Bidermann. Le juge Joly a retenu comme chefs de mise en examen « abus de biens sociaux, recel d'abus de biens sociaux, abus de confiance, recel d'abus de confiance, diffusion de fausses informations et présentation de faux bilan ». Ces deux derniers chefs visent Loïk Le Floch-Prigent en tant qu'administrateur du groupe Bidermann. Après cette notification, Loïk Le Floch-Prigent et ses avocats ont pris connaissance du dossier, puis a commencé, conformément au Code de procédure pénale, le débat contradictoire sur une éventuelle incarcération. Ce débat a eu lieu en présence d'un représentant de la section financière du parquet de Paris, le premier substitut François Franchi, qui a formulé ses réquisitions. Ce dernier a requis un mandat de dépôt pour « trouble à l'ordre public » et « risques de pressions et de concertations entre les protagonistes du dossier ». Le débat contradictoire terminé, le juge Joly se retrouve seul pour un délibéré, avant de notifier sa décision aux parties. Des montages financiers douteux Il est notamment reproché à Loïk Le Floch-Prigent, qui fut président d'Elf Aquitaine de juin 1989 à août 1993, des montages financiers douteux au travers desquels le groupe pétrolier a englouti près de 800 millions de francs dans le groupe textile Bidermann, au début des années 90. Huit personnes ont à ce jour été mises en examen dans le cadre de cette information judiciaire, ouverte le 18 août 1994 par le parquet de Paris, notamment l'industriel Maurice Bidermann et l'ancien directeur immobilier d'Elf, Jean-François Pagès, tous deux en détention provisoire. Avec la mise en examen de l'actuel président de la SNCF, l'affaire Elf-Bidermann pourrait prendre une tournure spectaculaire, au moment même où le cadre et les modalités du redressement de la société nationale étaient sur le point d'être entérinés. Arrivé fin décembre à la tête de la SNCF, Loïk Le Floch-Prigent a été l'homme de la pacification, pour avoir renoué le dialogue social. De plus, il était sur le point de mobiliser l'entreprise sur une indispensable reconquête de sa clientèle. Enfin, il comptait mettre en place un projet industriel destiné au redressement de l'entreprise, qu'il devait finaliser à l'automne avec les syndicats. Une incarcération de Loïk Le Floch-Prigent conduirait à une vacance du pouvoir à la tête de la société nationale, contraignant l'Etat à trouver une solution de remplacement. A court terme, la continuité serait toutefois assurée par la présence de deux directeurs généraux délégués, Alain Poinssot et Francis Taillanter, et l'existence d'un comité exécutif, créé par Loïk Le Floch-Prigent. A l'inverse, l'absence prolongée d'un véritable patron serait un casse-tête pour les pouvoirs publics, au moment même où le climat social se durcit. Hier soir, la CGT et la CFDT, les deux principaux syndicats de la SNCF, ont refusé de cautionner le projet d'entreprise esquissé par Loïk Le Floch-Prigent, en guise de réponse aux décisions et orientations gouvernementales, que lui avait confirmées le Premier ministre Alain Juppé, dans une lettre. Christophe Palierse et Sophie Seroussi
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