Privatisation pionnière outre-Rhin, concurrence accrue outre-Manche

Transformée en société anonyme en 1995, l'allemande Deutsche Post est partiellement entrée en Bourse fin 2000, les salariés souscrivant à 6 % du capital. L'État fédéral contrôle 31 % du groupe via son bras armé, la banque publique KfW. L'enseigne du groupe, dénommée Deutsch Post World Net, résume la transformation d'une administration publique déficitaire en un géant mondialisé et rentable de la logistique et du courrier express, avec plus de 500.000 salariés. La Bourse n'a pourtant guère honoré ce parcours. Introduit à 23 euros, le titre affichait encore 17 euros vendredi.Le nouvel homme fort du groupe, Frank Appel, s'est en priorité attelé à colmater outre-Atlantique le foyer de pertes par milliards creusé par la filiale de colis express DHL. Son deuxième chantier vise la cession de la filiale bancaire, Postbank. Or, les appétits de l'actionnaire, qui en attend 10 milliards d'euros, semblent effrayer les investisseurs. Selon l'hebdomadaire WirtschaftsWoche, les offres déposées s'étalonnent entre 8 et 9 milliards d'euros, pour une cible qui a dégagé l'an dernier un milliard d'euros de résultat.DEFICIT CHRONIQUEEn Grande-Bretagne, deux ans et demi après la libéralisation complète du marché postal, le bilan est en demi-teinte. La concurrence demeure limitée aux entreprises. Il existe vingt et une sociétés concurrençant Royal Mail, la plupart sur des secteurs de niche. Plus du tiers des grandes entreprises utilisent plusieurs opérateurs pour leur courrier, et Postcomm, le régulateur du secteur, estime que cela a permis de faire baisser les prix de 5 % pour les plus gros clients. Quant aux particuliers, ils n'ont pas vu la différence : Royal Mail garantit un " service universel " (un timbre unique dessert le pays), et le prix du timbre est l'un des plus faibles d'Europe (15 % de moins qu'en France au 1er janvier 2008). En revanche, Royal Mail, qui demeure une entreprise publique, connaît de sérieuses difficultés. L'an dernier, le service universel a enregistré une perte pour la première fois et son fonds de pension est en déficit chronique. Postcomm a préconisé mi-mai une privatisation partielle de Royal Mail. " L'entreprise a besoin d'accès à des capitaux privés pour financer une transformation radicale ", notamment dans la distribution, estime Nigel Stapleton, le président de Postcomm. Pour l'instant, le gouvernement de Gordon Brown n'a cependant pas l'intention de suivre ces recommandations.
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