Patrick Herr, grand timonier de l'Armada de Rouen

Ses amis lui avaient pourtant dit, dès 1989 : " Tu as réussi une fois, ne recommence jamais ! " Grisé par l'énorme succès populaire d'une aventure qu'il porte à bout de bras depuis vingt ans, Patrick Herr, président de l'Armada, a inauguré samedi son cinquième grand rassemblement de vieux voiliers et de vaisseaux de guerre à Rouen. Il se déroule dans un décor largement rénové du fait de la réhabilitation, rive droite, des vieux entrepôts reconvertis en surfaces commerciales et du nouveau pont levant Gustave-Flaubert, qui enjambe désormais le fleuve à l'ouest. Cet ouvrage que Patrick Herr compare volontiers à un " arc de triomphe " ne sera en service qu'en septembre, mais il a levé son tablier mobile pour laisser passer les mâts des plus grands voiliers. Le 14 juillet, la cinquantaine de bâtiments de cette Armada 2008, dont trente-deux voiliers, quittera Rouen pour descendre la Seine et retrouver la haute mer au Havre. Une parade d'une grande poésie pour ceux qui auront trouvé une place sur les berges de la Seine et... un embouteillage monstre sur les axes routiers de Haute-Normandie !LA MATMUT, SPONSOR PRINCIPAL Depuis son bureau, sur les quais rive gauche, qui donne sur l' Amerigo Vespucci, le splendide trois-mâts barque de l'école navale italienne, Patrick Herr savoure le " record de participation " en termes de bateaux. Faire venir tous ces bâtiments du monde entier est en effet un travail de très longue haleine pour lui-même et sa toute petite équipe permanente, qui grossit à quinze, vingt personnes à l'approche de l'événement. Il faut batailler auprès des ambassades pour faire venir, à titre gratuit, les navires de marine nationale et travailler au corps les armateurs privés sur les conditions financières de leur venue à Rouen, les prix étant fonction de la qualité des bateaux et de leur capacité d'accueil.Marque déposée, l'Armada de Rouen est un " concept " qui repose sur la gratuité pour le visiteur et un corps de cinq cents bénévoles. Les concerts (Opéra de Rouen, Gilberto Gil, Alain Bashung, Hugues Aufray avec son " fameux trois-mâts ") sont également gratuits, sans oublier les feux d'artifices tirés chaque soir à 23h. Le budget - 9 millions d'euros - est supporté pour un tiers par les collectivités, un tiers par des entreprises partenaires, dont le sponsor principal, Matmut, qui a son siège à Rouen, et enfin un tiers par la commercialisation du site : vente de licences, location de bateaux pour des réceptions privées et de tentes VIP. C'est là que la Caisse d'Épargne Normandie a invité vendredi ses clients pour célébrer la fusion de ses deux caisses de Haute et Basse-Normandie.SEPT MILLIONS DE VISITEURS ESPERES CETTE ANNEE Les services de la préfecture estiment que la précédente Armada avait enregistré plus de 7 millions de visites. Ce chiffre résulte de la règle des quatre personnes au mètre carré (sur 60.000 mètres carrés) en posant que le visiteur passe en moyenne quatre heures sur les quais. Sept millions sont espérés cette année. C'est donc une caisse de résonance énorme pour les marchands du temple, mais aussi toutes les institutions, organisations, collectivités, soucieuses d'attirer le chaland ou de travailler sur leur image. À titre d'exemple, la Vendée, l'Église catholique, les Voies navigables de France ou encore l'Arabie Saoudite (exposition sur le palmier) ont loué des espaces. Pour sa part, le conseil général (PS) de la Seine-Maritime, premier financeur de l'Armada avec 1,2 million d'euros, " s'offre " pour cette Armada 2008 une communication hors normes. L'Armada étant lancée, le souci de Patrick Herr est maintenant d'équilibrer son budget, dans un contexte " d'explosion " des coûts liés à la sécurité. Avec le poste assurances, l'ensemble des moyens de sécurité et de sûreté mis en oeuvre représente environ un million d'euros, estime-t-il. Ces moyens facturés à l'Armada et pilotés par le préfet de région, Michel Thénault, comprennent quatre cents policiers, la brigade anticriminalité, sept cent cinquante gendarmes, quatre cents pompiers, les secours sur l'eau, la mobilisation du Raid, les hélicoptères, les six postes de secours ouverts de 10 heures à 2 heures du matin, le Samu et la surveillance 24 heures sur 24 du nouveau pont Gustave-Flaubert, dont l'accès est interdit. L'aventure de l'Armada avait commencé en 1986 avec une course de multicoques entre Rouen et New York organisée par le tandem Patrick Herr-Jean Lecanuet pour le centenaire de la statue de la Liberté, partie de Rouen. En 1989, Patrick Herr organisait les Voiles de la liberté pour faire écho au 200e anniversaire de la Révolution française. En 1994, l'Armada commémorait le 50e anniversaire du débarquement en Normandie et, en 1999, l'Armada du siècle marquait l'entrée dans le 3e millénaire. Mais depuis 2003, plus de " béquille " historique, l'Armada se suffit à elle-même.
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